top of page

120 Battements par Minute (2017) de Robin Campillo avec Nahuel Pérez Biscayart, Adèle Haenel, Arnaud Valois...

POUR
 
   Difficile de critiquer un film déjà encensé de toutes parts, sélectionné aux oscars... Encore plus difficile quand on fait partie de la majorité qui a aimé le film... "120 Battements par Minute" c'est de l'émotion à l'état brut, une tranche de vie, la vraie. On rit, on pleure, on se crispe et on s'émerveille. Toute une vie vécue par procuration pendant près de deux heures, une véritable catharsis.
   Mais "120 BPM" c'est aussi une esthétique, un sens de l'image, du rythme et du montage. On assiste ainsi à des plans métaphoriques contemplatifs se mélangeant avec des images du quotidien vécu par nos héros. Un peu comme la vie, en fait. Et c'est pour tout cela que j'ai "apprécié" ce film, parce que Robin Campillo a réussi à imprimer tout ce qui fait que la vie est ce qu'elle est.
   J'ai trouvé le film bien dosé. Néophyte sur l'histoire (et même l'existence) d'Act-Up, le film a réussi à me donner des infos sur le groupe sans me saouler (même si j'aime beaucoup les documentaires, je n'étais clairement pas allée au cinéma pour en voir un…). C'est juste le bon dosage pour avoir l'envie de plus se renseigner, une fois rentré chez soi.
   L'histoire d'amour, même si courue d'avance par sa mise en scène ("clivage" entre le groupe Act-Up dans son ensemble et la relation entre Nathan et Sean) est magnifiquement portée par les acteurs Nahuel Pérez Biscayart et Arnaud Valois. On ressent ce que les personnages vivent et éprouvent l'un pour l’autre mais aussi ce qui fait qui ils sont aujourd'hui, sans jamais aller dans le pathos. Et puis le Sida, cette maladie de l'amour et de la "baise", difficile de réaliser un film dessus sans bousiller le moral de ses spectateurs, et pourtant "120BPM" réussit ce pari.
   On est pris aux tripes mais on ressort en ayant envie de bouger, comme le font les partisans d'Act-Up après chaque action. Voilà ce qu'est "120BPM" : un hymne a la vie, dans toutes ses frasques.
Note : 18/20
Laureline Massias
CONTRE
   Alors, c’est donc ça le film qui aurait soi-disant mérité la Palme d’Or ? Encensé à outrance par les médias? Accompagné d’un buzz sensationnel, de critiques dithyrambiques ? Quelle déception ! Une fois encore, la presse cinéma n'a pas été capable de dissocier l’œuvre en elle-même de son sujet.
   Entendons nous bien : Il n’est pas question ici de contester le sujet du film, son engagement, sa nécessité. Mais on peut défendre les actions de ACT UP et lutter contre l'homophobie tout en affirmant que "120 Battements par Minute" est un film décevant. Non, ce n’est pas incompatible.
  Premier élément qui nous laisse sur notre faim : l’aspect documenté. Sur "Act Up", les années sida, l'aveuglement des masses populaires, la bêtise des politiciens, les lobbyings des labos pharmaceutiques, le film ne nous apprend rien ou pas grand chose. Deuxième point inabouti : L’histoire d'amour, belle mais si prévisible, entre Sean (Nahuel Perez Biscayart) et Nathan (Arnaud Valois). C’est simple : on a constamment l'impression d'avoir déjà vu le film ! En mieux ! Citons, par exemple, la sublime histoire d’amour homosexuelle vue dans ‘‘Hors les Murs" de David Lambert, sorti en 2012 dont ‘‘120 Battements par Minute’’ reprend plusieurs scènes clés.
  De manière plus générale, le scénario de Robin Campillo est trop mécanique : une scène de débat en amphithéâtre succède à une action d’ ‘‘ACT UP’’ puis une scène d’intimité entre Sean et Nathan, avant une nouvelle scène de débat dans l’amphi, puis une autre action puis une nouvelle scène intime, etc. Les acteurs, tous remarquables, se débattent pour compenser un manque flagrant d’audace et d’imagination. La mise en scène ne décolle jamais, plombé par une puissance narrative très en dessous des attentes.
   Si ‘‘120 battements par minute’’ est, comme certains l’ont affirmé, l’un des meilleurs films de l’année alors le septième art se porte bien mal.
 
Note : 10/20
Johan Girard
bottom of page