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Festival international du film d'animation Annecy 2014

Moug (Vagues) d'Ahmed Nour
 
   Attaquer le festival d’Annecy avec « Moug » c’est un peu comme marcher tout guilleret et se prendre une porte, tu ne sais pas pourquoi mais elle est là alors que tu t’y attendais pas. Pour moi, « Moug » ou «Vagues» en français, c’est un peu comme une arnaque , la première du festival. On arrive tout pimpant à se caler au milieu du milieu de la salle, on a le droit au teaser du festival, « Slasher » (Bruno Collet), tout simplement énorme, avant de découvrir, un peu sur le cul, de la prise de vue réelle. Du coup on attend et on attend pour finalement attendre encore l’animation qui est censée être reine en ce festival. En tout et pour tout ? Cinq minutes d’animation pour une heure trente de documentaire live-action, un peu amère pour commencer ce festival d’Annecy…
   Ce documentaire réalisé par Ahmed Nour retrace en plusieurs parties (des « vagues ») les temps forts de la ville de Suez là où la révolution égyptienne a commencée. On y apprend certes pas mal de trucs comme le fait que Moubarak n’y aurait jamais mis les pieds après qu’une diseuse de bonne aventure aurait prédit que Suez serait sa chute ou encore que cette ville, la plus riche du pays, est aussi paradoxalement la plus « nécrosée » (pas d’emploi, pas d’eau…). Bref d’un point de vue historique le réalisateur tient à faire son « devoir de mémoire », à faire le lien entre les générations pour que l’on n’oublie pas mais surtout que l’on n'abandonne pas ce schmilblik en route.
   Mais le problème du film, outre cette arnaque animée, est sa narration complètement décousue, anarchique, ses plans non justifiés qui durent et qui durent sans pour autant être esthétiquement intéressants alors forcément faut s’accrocher. Du coup, pour moi, le réalisateur a complètement raté son pari car en nous montrant la seule séquence animée, même simple, nous rappelant l’esthétisme de "Valse avec Bachir", on se dit : « Putain le film va enfin commencer ! » et en fait non... Si le réal' avait assumé jusqu’au bout ce mélange de prises de vue réelles et d’animation, le film aurait pris une toute autre envergure.
Note : 3/20
Manieggs – Revenge of the hard egg de Zoltan Miklosy
 
   "Manieggs" c’est un peu le film où tu te dis que tu vas passer ton temps à rire, pliée en deux face à une esthétique assez moche mais pour un pitch vraiment cool : un œuf, après avoir passé deux semaines de prison pour un crime qu’il n’a pas commis, décide de se venger avec ses accolytes… Scénario banal me crierez-vous, et bien oui clairement ! La volonté du réalisateur, Zoltan Miklosy, a été de prendre et tordre les clichés cinématographiques pour en faire un film plutôt inventif empreint d’humour. De l’humour ? Le réalisateur, s’il a eu droit à une salle réceptive à ses sketchs, m’a malheureusement perdue en cours de route et ce pour plusieurs raisons. 
   Tout d’abord la durée du film qui, pour pareil scénario, ne peut pas se permettre de supporter le format du long métrage, parce que non un enchaînement de sketchs ne fait pas un film, ou alors bien difficilement. On rentre donc dans le film pour en sortir quarante minutes après, faute de réelle substance scénaristique. Deuxième bémol : la nature en soit des sketchs, oscillant malheureusement bien vite dans l’humour pipi-caca bien gras, et ça personnellement je dis "non!", je le hurle même : "Gardez vos pets en dehors des films parce qu’à part dans "Shrek" cela ne fait rire personne !". Enfin, ce comique de répétition à vous cogner la face contre le siège de devant tellement on en a marre de voir à chaque fois la blague se répéter, insensiblement, trois fois. Alors certes, trois est la règle d’or dans le comic show mais pas pendant tout un film!!
   Sinon, comme dit plus haut, l’esthétique n’est vraiment mais alors vraiment pas superbe... On adhère ou non, c’est le parti pris du film. Du coup, j’ai été plus que déçue par ce film qui n’est malheureusement pas à la hauteur de ses ambitions (on note avec plaisir toutes les références filmiques même si celles-ci sont bien évidentes comme "Heat", "Breaking Bad" ou encore "Machete").
Note : 8/20
Ku ! Kin dza dza de Georgiy Daneliya et Tatiana Ilyina
 
   Ah la la, que de challenge à écrire la critique de "Ku! Kin dza dza"… Je ne sais pas trop quoi en penser en fait, si ce n’est que lorsque l’on ressort du film on salue tous nos amis de cette manière (joindre ses mains sur son visu puis baisser les bras et le haut du corps en criant « Ku ! kin dza dza ») ce qui est quand même un bon point.
   Le bémol c’est un peu l’histoire: cette rencontre incongru entre un musicien renommé et un garçon sans le sou se prétendant son neveu, tous deux rencontrant un homme qui les fait se téléporter sans faire exprès sur une autre planète. Je n’ai pas tout compris au film donc si ce n’est que cela traite de la critique des classes…
   On est d’autant plus facilement perdu que le film est lent, cyclique, nous laissant comme l’impression que l’histoire n’a pas de but. On reste aussi sur sa fin, plusieurs détails ayant été laissés sans explication (comme la relation entre Anatolik et son oncle ou encor la fin en elle-même, trop « brut de décoffrage »…). C'est dommage car le design et l'animation sont intéressants.
Note : 11/20
L'arte Della Felicita d'Alessandro Rak.
 
   "L’arte Della Felicita" est un film inégal. Son histoire (un moine meurt et nous laisse ainsi avec son frère, chauffeur de taxi, ayant du mal à faire son deuil) même si loin d’être originale est, malgré tout, si ce n’est intéressante, bienvenue.
   On suit donc le héros dans son taxi avec ses rencontres réelles ou imaginaires le faisant avancer dans son processus de deuil. L’esthétisme de ce long métrage est aussi inégal ce qui ne rattrape donc malheureusement pas le sérieux problème de rythme du film. Par moments le film peut être esthétiquement très intéressant comme tout "pété", amoindri au regard d’autres plans plus léchés.
   Enfin on ne comprend pas toutes les métaphores du film notamment celles de la fin (SPOIL Lorsque l’on retrouve finalement les enfants en train de jouer aux petites voitures alors que, jusque-là, on pensait avoir bien compris qu’elles étaient la métaphore du chemin de deuil de Sergio FIN DU SPOIL). Cependant, le message philosophico-boudhiste n’en reste pas changé : il faut vivre dans le présent et non se nécroser dans un passé déjà joué ou un futur incertain.
Note : 10/20
A la poursuite du Roi Plumes de Jacobsen Esben et Toft Jacobsen
 
   Enfin un coup de cœur en une semaine de festival !! On commençait à se déssecher sur notre siège devant des films pour le moment bancals voir carrément à côté de la plaque. Mais je tiens enfin mon chouchou, ce « roi plumes », un film bourré de poésie, mignon à souhait et pourtant rempli d’une profondeur bien amenée dans un film d’animation destiné à tous.
   "A la poursuite du Roi Plumes", c’est l’histoire d’une famille de lapins : papa, maman et Johan lapin, fils unique. Ils vivent heureux jusqu’au jour où la mère de Johan, malade se fait emmener par le roi plumes. Johan et son père partent donc habiter en pleine mer (le roi plumes ne supporte pas l’eau) afin de se protéger de celui-ci. Un jour suite à quelques péripéties Johan, rejoint par son père, se rend au pays du roi plumes, ce qui ne va pas sans créer quelques problèmes…
   Bon, vous l’aurez compris, "A la poursuite du Roi Plumes", c’est la poursuite de l’éternité, ne pas vouloir accepter la perte de l’être aimé, le deuil… Des thèmes délicats retranscris avec poésie et tendresse dans un univers esthétique inégal mais superbe. En effet certaines scènes suintent le manque de moyen/de temps alors que d’autres sont peaufinées au poil de plume près, mais pour un si petit budget, on ne va pas crier au scandale (Moins de 3 millions ! Juste en comparaison Frozen en a 150... Ah Ah). Alors vite, on note la date dans son agenda (le 15 octobre) parce qu’un film comme ça, ce serait dommage de le louper !
Note : 17/20
 
Laureline Massias
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