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Mindhunter (2017) créée par Joe Penhall et David Fincher avec Jonathan Groff, Anna Torv, Holt McCallany...

     Reprenons tranquillement : « Mindhunter » se déroule en 1977 aux États-Unis, une époque charnière où les USA ont été marqués par le scandale du Watergate et où les idéaux hippies ont rapidement été balayés pour un retour à l'ordre moral, manichéen... C'est dans ce contexte que nous allons suivre l'agent Holden Ford (Jonathan Groff), d'abord, dans le premier épisode, comme spécialiste des prises d'otages au FBI puis rapidement dans le département de science comportementale du Bureau Fédéral. Holden, est quelque peu « différent » du cliché de l'agent FBI de l'époque : il est en constante recherche de nouvelles méthodes et surtout se fascine pour la psychologie des criminels. Pour sa hiérarchie il est quelque peu gênant mais tout de même intéressant, un paradoxe inhabituel en somme. De ce fait, il sera mis en équipe avec Bill Tench (Holt McCallany), plus âgé, plus sage et peut être un poil plus vieux jeu (bien qu'il soit ouvert aux réflexions de Ford). Les deux arpentent en premier lieu le pays pour former des flics classiques à quelques méthodes du FBI. Rapidement, Ford dévie de leur mission au profit de la rencontre de tueurs en séries incarcérés (notamment Ed Kemper), afin d'analyser et de comprendre leur comportement au travers d'entrevues visant à les mettre en confiance. Par la suite, ils chercheront à mettre en pratique leurs connaissances en aidant le déroulement d’enquêtes lugubres à divers endroits du pays. 
     A l'heure où la plupart des séries « dramatiques » usent des mêmes cordes, c'est à dire l'abus de cliffhanger en fin d'épisode (coucou Game of shit), Fincher (qui a réalisé quatre épisodes sur dix et a posé sa patte en tant que showrunner) impose son rythme déjà perceptible dans ses films. « Mindhunter », aurait pu être un long métrage ; il aurait juste été long mais c'est bien pour décortiquer les personnages et les thématiques que Fincher a choisi ce format. C'est ainsi que le choix de la série se justifie totalement ; la mise en place scénaristique, la connaissance biographique des personnages se fait de manière linéaire, lentement et « agréablement ». Cette mise en scène me rappelle les meilleures séries qui m'ont été donné de voir, notamment « The Wire » et « The Soprano's ». On a rapidement l'impression d'être devant une œuvre intelligente qui installe sa réflexion de manière méthodique, tout en mettant en place progressivement une tension tout à fait digne du genre de la série, c'est à dire le thriller/polar.
    Au niveau purement stylistique, la réalisation est dans la même lignée que « Zodiac » ou « The Social Network », c'est à dire que c'est sobre, beau et glaçant par moment. Il m’apparaît difficile d'établir les caractéristiques précises de Fincher en matière de réalisation, tant sa filmographie est diverse et n'a jamais accouché d’artifices propres à lui-même. Pourtant, chacune de ses œuvres semble totalement maîtrisée avec sa propre identité. Ici, c’est dans ces longues entrevues avec les tueurs, faites de plans fixes, où la tension glace progressivement le spectateur que le style de Fincher s'identifie le plus. Un mot sur les acteurs (ce n'est pas vraiment ma « spécialité » de décrire le jeu des acteurs en général) : ils sont bons et rentrent totalement dans le cahier des charges. Même si Holden Ford ressemble trop à Macron et qu'il est même parfois tout aussi agaçant dans son comportement (sûrement en rapport avec l’ego, je vous laisse découvrir ça).
   La dernière scène de cette première saison, est totalement à l'inverse du rythme imprimé durant les dix épisodes. Évidemment cela sert à établir une rupture, quelque chose s'est brisé et à l'instar de cette caméra devenue très mouvante, comme paniquée, un des personnages va prendre conscience de certaines choses et cela risque de modifier sa propre psyché. C'est du moins la conclusion que je tire suite à cette saison et cette dernière scène. « Mindhunter » brille pour l'instant. L’oeuvre se rapproche autant d'une œuvre cinématographique que d'une série classique et portée par un grand réalisateur. À l'instar de David Lynch, les grands réalisateurs semblent être capables de créer des séries qui dénotent de l'univers télévisuel. En espérant que la deuxième saison soit sur la même longueur d'onde et qu'elle ne s'étire pas trop longtemps, happée par une société de production soucieuse de la quantité et non de la qualité...

Note : 16/20
                                                                                                                  Nifa
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