top of page

A Hard Day (2015) de Kim Seong-hun Avec Lee Seon-Gyoon, Jo Jin-Woong, Shin Jung-Keun...

    Avant tout chose, une mise au point.
    Lorsque vous parlez de polar coréen à une personne de votre entourage, dans 95% des cas elle fera aussitôt une grimace et s’exclamera, affichant sa bêtise crasse et/ou son racisme notoire (on est en France, je vous le rappelle) : « Oh moi tu sais, les films de bridés ça me gonfle ».
    Plaçons-nous deux petites minutes dans le cerveau de ces gens-là. Comprenez bien : pour eux, le cinoche asiatique, c’est, au choix, des mecs qui se foutent sur la gueule pendant 2 heures (Bruce Lee, Jackie Chan, même combat) ou des films chiants qui passent dans les festivals. Devons-nous leur jeter la pierre ? Oui et non.
    Leur expliquer que le ‘‘cinéma asiatique’’ n’existe pas, en tout cas pas plus que le ‘‘cinéma européen’’ (quel rapport entre les films fantastiques espagnols et les films sociaux de Ken Loach ? Quel point commun entre un drame de Kim Ki-Duk et un film noir comme ‘‘Black Coal’’ ? Aucun.) est une perte de temps. C’est foutu d’avance. Au fait, c’est lesquels les chinois qui étaient alliés aux Nazis ? Ah oui, les Japonais.
    Le vrai problème ne vient même pas du grand public mais d’une certaine presse snobinarde peuplée de journaleux pseudo-intellectuels qui encensent systématiquement depuis plus de dix ans tout ce qui vient de Chine, de Corée du Sud ou du Japon. Parce que c’est hype ! Parce qu’il faut vendre. Et créer le buzz ! (Exemple récent : ‘‘Touch of Sin’’). Parce que programmer ces films devient un passage obligé pour les festivals les plus élitistes à commencer par Cannes. Essayez donc de vous coltiner les 119 interminables minutes du nanaresque ‘‘A Girl At My Door’’ de July Jung présent dans la sélection Un Certain Regard 2014… Un supplice !
    Pour tout dire, en Asie, comme en Europe ou aux Etats-Unis, un nombre incalculable de bouses sort sur grand écran chaque année. Non, les drames japonais ne sont pas forcément tous des chefs d’œuvre même si la presse française vous fait croire le contraire à longueur d’année (‘Tel père, tel fils’’ de Koreeda présent en compétition officielle à Cannes en 2014, quelle purge !). En 2000, on flippait devant le génial ‘‘Ring’’ de Nakata mais 885 films japonais l’ont plagié depuis, ce qui, vous en conviendrez, commence à bien faire. Et, puisqu’on est au Japon, si quelqu’un se souvient du dernier bon film de Takeshi Kitano, on est preneur. L’Asie, le must du cinéma mondial ? Mon cul sur la commode.
    Mais revenons à nos moutons et concentrons-nous sur les valeurs sûres : le polar coréen. Le cocktail aphrodisiaque par excellence. Oubliez tout ce qu’on vous a dit sur les films en provenance d’Asie et filez voir tous les films de De Hong-Jin, de Jee-woon Kim et évidemment de Joon-Ho Bong, le meilleur de tous, pour peu que ce dernier arrête ses conneries américaines. Ces gars-là ont semé aux quatre coins de Corée du Sud des admirateurs, devenus aujourd’hui cinéastes. Ils nous en mettent plein la vue, mais surtout plein la gueule. Ils cassent tous les codes du genre, brisent les narrations, réinventent constamment les personnages de salauds. Et puisque cette critique est déjà beaucoup trop longue, allons à l’essentiel : ‘‘A Hard Day’’ est un cocktail multivitaminé au scénario foutraque et déjanté bourré de rebondissements. L’ensemble est un fourre-tout jubilatoire, grand guignolesque. ‘‘A Hard Day’’ n’aurait pu être que ça. Mais Kim Seong-Hun ne plaisante pas avec la mise en scène. Ainsi, lorsque le scénario se resserre pour offrir des scènes de suspense, on s’accroche à son siège et on ne le lâche plus. Une valeur sûre on vous dit.
 
Note : 15/20
Johan Girard
bottom of page