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Alabama Monroe (2013) de Felix Van Groeningen avec Johan Heldenbergh, Veerle Baetens, Nell Cattrysse...

  POUR  

   En Belgique, un couple de musiciens de country vit la passion, l’amour, la parentalité et un drame familial majeur. Comment un couple aussi uni autour d’un enfant, d’une passion commune et en harmonie autour de la même vision de la vie peut-il surmonter le plus atroce des événements ?
   Difficile de livrer plus d’un film reposant sur un suspense et une tension émotionnelle hors du commun. Cette histoire est d’une intensité et d’une violence rare, un vrai grand huit émotionnel. Félix Van Groeningen ne fait pas dans la demi-mesure et ça ne sera pas du goût de tous. Adorant son précédent film que je qualifie comme un des meilleurs films de 2011, « La merditude des choses », il a un talent fou pour saisir le destin d’une famille et l’étudier avec méticulosité. Il nous entraine dans l’histoire de ce couple en nous mettant la tête sous l’eau : des saynètes reliées les unes aux autres et qui font corps avec grâce. Il ne nous donne à voir que les moments de tension, d’émotion, de crise du couple : première nuit, enterrement, annonce de la maladie, de la grossesse, demande en mariage,… Et pour illustrer tout cela il utilise une narration éclatée et pas uniquement entre deux périodes menées parallèlement, il nous trimballe en permanence durant les 8 ans de cette histoire de couple de manière totalement déstructurée. Il a fait ce choix au montage et cela paraît judicieux pour assommer encore plus le spectateur, passant du bonheur à la tragédie ou de l’euphorie à la douleur. Ce type de montage très déstructuré lui permet de bien montrer combien un couple soumis à l’insoutenable peut aller jusqu’à sa désintégration, avec une grande fluidité. La sensibilité dépeint dans ce film autour d’un drame entourant l’enfant se rapproche beaucoup de « La guerre est déclarée » mais l’issue est tout autre. Ici, le réalisateur fait le choix de l’âpreté extrême. Plus positif sur le même thème, « Rabbit hole » offre une alternative plus douce et plus acceptable ; tout simplement une autre réalité. Ici, il faut être bien armé pour résister au film. Et comme dans son précédent opus, il met en scène des comédiens bluffants de justesse et de cinégénie. Et puis la musique hyper présente mais jamais utilisée à des fins nauséabondes ou pour nous tirer la larme, elle est plutôt là pour alléger les peines et permettre aux protagonistes comme aux spectateurs de reprendre leur souffle. Ce film aborde aussi le thème de la croyance. Comment s’en sortir lorsque l’on vit un drame horrible ? Là, dans le couple, le pragmatisme s’oppose au mysticisme, chacun voulant imposer sa vision à l’autre. Dans un couple est-on toujours en capacité d’accepter un trajet de reconstruction différent du sien ? Et puis dans l’adversité, les pires reproches sur la responsabilité du conjoint peuvent ressurgir afin d’expier son propre malaise.
   En un mot ce grand succès du cinéma belge ne vous fait aucun cadeau. C’est un véritable listing du pire à vivre dans la situation ; pas de positif comme dans « Rabbit hole ». C’est le seul reproche que l’on peut faire au film qui pourtant ne joue pas dans le pathos.
 
Note : 16/20
Christophe Faure
http://www.tout-un-cinema.blogspot.fr/
 
 

  CONTRE

   Mettons nous bien d'accord. Nous autres cinéphiles voyons des bons et des mauvais films. On garde en tête les premiers pour mieux oublier les seconds. Dans le cas d'"Alabama Monroe", nous sommes au delà du mauvais film. Détestable, ce long métrage effroyablement racoleur nous prend en otage de la pire façon qui soit : en créant un suspense artificiel autour de la maladie d'un enfant. En suscitant l'émotion grâce à des gros plans sur les cheveux d'une gamine qui tombent les uns après les autres. Et ce n'est qu'un début.
   Il est compliqué pour l'auteur de ces lignes de procéder à une critique sans énoncer des rebondissements, tous aussi pitoyables les uns que les autres. Si vous n'avez pas vu cette bouse et que vous souhaitez vous la taper (bon courage), n'allez pas plus loin dans la lecture, la suite livre des moments clés de l'intrigue, si on peut appeler ça une intrigue. Le mot marasme serait plus approprié.
   Nous voilà donc face à un couple ayant une fille et apprenant , lorsqu'elle a 7 ans environ, qu'elle est est atteinte d'un cancer. La grande pleurnicherie commence alors et l'insupportable suspense autour de son éventuelle guérison peut commencer. Honteux. Je ne voudrai pas manquer de respect à tous mes amis aimant le film (ils sont quelques-uns) mais comment peuvent-ils accepter d'être émus à travers un procédé aussi putassier que celui-ci ? Passons. Nous voilà au stade 2 (rien à voir avec l'émission) de la pleurnicherie : le décès de la petite. Ca chiale dans les chaumières, le réalisateur s'en donnant à coeur joie au rayon gros plans racoleurs. Après les interminables séquences sur le visage d'enfant mourant, le voilà filmant en plan fixe le cercueil, histoire de prouver, au cas où on en doutait, qu'il est définitivement un gros lourd ! Et comme Felix Van Groeningen, en plus d'être un sale type, est un très mauvais cinéaste, il déroule son histoire avec des flash-backs incessants qui brisent la narration. Son but est clair : surligner l'émotion en décrivant le couple avant la maladie, et après. Heureux - malheureux, vous voyez ! Le bon vieux procédé bien pourri que voilà ! A cet instant précis, nous ne sommes donc plus seulement en face d'un très mauvais film, nous sommes directement connectés à ce que le cinéma contemporain peut offrir de pire. Rendez moi "20 ans d'écart", la vieille comédie à deux balles avec Efira. C'est tellement meilleur que ça.
   Revenons à nos moutons : des flash backs, encore et encore et encore. Ca chante, ça danse (le passé), ça chiale, ça déprime (le présent). OK Super. Alabama Monroe alors intègre des interventions télévisuelles avec l'odieux George W Bush. Le personnage principal (dont j'ai oublié le nom mais qu'on ne compte pas sur moi pour aller chercher l'info, je m'en tamponne. Appelons le "machin") regarde la télé. Machin s'en prend à Bush. Grande scène. La seule bonne scène du film à vrai dire. Ca dure 30 secondes, il y a donc plutôt intérêt à la savourer. Derrière, la médiocrité, caractéristique principale du film, reprend son cours. La torture n'en est d'ailleurs qu'à son début. "Alabama Monroe" oppose la foi à l'athéisme. Projet ambitieux. Nous sommes au regret de t'annoncer, lecteur, que même la série "LOST" ("LOST" quoi ! On ne parle pas de Bergman ou de Tarkovski là !) a traité ce thème avec plus de subtilité que le film de Félix. Pas le chat, l'autre. Cette vanne est pourrie mais je la garde et je vous emmerde. Machin ne croit pas en Dieu, Machine (sa femme) y croit. Et tant qu'on y est, elle croit aussi en la réincarnation et imagine que sa petite fille est devenue un oiseau. Soit. Sur ce thème, privilégiez le film "L'Arbre" de Julie Bertuccelli qui est environ mille fois supérieur à "Alabama Monroe". Ce qui ne fait pas de "L'arbre" est bon film pour autant.
   Attention, nous arrivons dans la dernière ligne droite. Il faut bien la boucler cette histoire. Et Félix est évidemment incapable de trouver une suite logique à sa pauvre histoire, il fait crever la mère, le con !!! Il a décidé qu'on allait en chier jusqu'au bout !!!! Bref, c'est la fête. Mais comme ce serait trop facile de la faire mourir illico, il créé à nouveau un suspense putassier avec une ambulance roulant de nuit, avec Machine à l'intérieur entre la vie et la mort, et Machin roulant derrière dans sa voiture, les larmes aux yeux. Le fond est racoleur, d'une faiblesse abyssale mais alors que dire de la forme et des choix de mise en scène..... On a touché le fond les amis. Et si l'on débranchait Madame pour conclure ce feu d'artifice de matière fécale ? Et si Felix Van Groeningen arrêtait le cinéma et allait bosser chez Mc Do ? Peut-être que là-bas il servirait à quelque chose.
 
Note : 01/20
Johan Girard

 

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