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          Titre intriguant, affiche alléchante, et réalisateur qui a déjà gagné mon estime pour son précédent film (Canine)… Evidemment, j’y suis allée les yeux fermés, excitée même. Convaincue que j’allais kiffer ma race.

     Comme pour "Canine", "Alps" est un film sur la substitution. Substitution de la réalité environnante par un mode de vie cloisonné d’une famille-prison dans Canine, et substitution d’une personne décédée par un acteur-remplaçant dans "Alps".

         Cependant ce 3ème film de Yórgos Lánthimos ne s’intéresse pas tant à celui qui a perdu un être cher, qu’à celui qui va s’employer, moyennant rémunération, à faire acte de présence et à redire-refaire des choses que le/la mort(e) avait coutume de dire ou de faire.

         A ceux qui iront le voir, sachez donc que Alps n’est pas un film sur la perte, et pas même sur le deuil. Ce n’est pas non plus un film de SF…

Alps est le nom d’une compagnie de 4 salariés… Dont on ne sait rien, ou très peu de choses, et qui sont pourtant les personnages principaux du film.

        Le début est difficile car on a peur que l’on ne nous explique jamais comment fonctionne cette entreprise morbide de « service à la personne » … Cela finit par être clair, mais ensuite ? Ensuite, même si on reste tout de même dubitatif quant au fait que certaines personnes demandent effectivement ce service (mais encore une fois : ce n’est pas un film sur le deuil), on se dit : « Soit ». Voyons où l’on nous mène ainsi… Plongeons dans les tourments des employés de cette entreprise confidentielle. Voyons les dommages qu’un tel job, qu’une telle proximité avec la mort, une dépendance même, peut avoir sur l’esprit humain et son comportement. Mais non… Quelques indices à peine, entre une tirade absurde et une scène loufoque. Est-ce que le réalisateur ne voulait pas trop glisser sur une pente inconnue ? Peut-être voulait-il rester dans le vague et émettre quelques pistes, comme si l’expérience était réelle, en cours, et qu’on en connaissait pas encore les suites…

       "Alps", comme "Canine", met en scène une expérimentation humaine, choisie par une partie des personnages (subie par les autres), unique et étrange. Comme pour Canine, l’ambiance du film est un mélange de douceur et d’âpreté… Comme pour Canine, nous (spectateurs) observons un fragment de cette vie-expérience sans en connaître le prélude. Mais quand bien même je ne saurais l’expliquer : "Canine" a plu, et je crois que "Alps" est raté.

        Je suis perplexe, et à en croire mon radar, je n’étais pas la seule de la salle. Si certains ont légèrement pouffé à quelques répliques ubuesques, je n'ai pas trouvé ça drôle, à aucun moment… Mais pas triste non plus. Ni émouvant, ni « réflexif ». Est-ce que j’ai raté quelque chose ? Est-ce que le réalisateur a été trop ambitieux ? Bizarrement, si je dis : « c’est juste un film où l’on voit des gens apparemment perturbés vivre à travers les morts dont ils entretiennent la mémoire ». Ça donne envie ! Mais ce n’est qu’un peu du film : 2 personnages sur 4, et encore… Les autres sont là pour le décorum « bizarre ». Pourquoi ?

      Je ne suis pas de ceux qui vont creuser pour chercher du sens sans savoir s’il y en a un (et pour finir par en trouver des tas), alors je vais rester sur ma faim, consciente que mon amour pour "Canine" a accru ma déception devant "Alps", évidemment. Par contre j’aime toujours le style de Yórgos Lánthimos: Absence de musique extra diégétique, caméra à hauteur d’homme. C’est selon moi un réal prometteur, et je désire toujours découvrir son premier film (Kinetta), comme je désire voir les suivants !

 

NOTE : 13/20

Myxo

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