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Ave, César ! (2016) de Joel et Ethan Coen avec Josh Brolin, George Clooney, Scarlett Johansson...

   Surdoués, les frères Coen transforment tout ce qu’ils touchent en or. Citons au hasard quatre chefs d’œuvre de leur impressionnante filmographie : ‘‘Sang pour Sang’’, ‘‘Fargo’’, ‘‘The Big Lebowski’’ et ‘‘No Country For Old Men’’. Ca calme d’entrée. Et si l’on dénombrait les prix reçus par les frangins dans les plus précieuses cérémonies du septième art, nous y serions encore demain !
   A l’heure où les très grands réalisateurs d’hier n’ont plus rien à raconter (ceux qui ont vu les derniers films de Coppola, De Palma, Spielberg, voire même Scorsese nous comprendront), au moment-même où les géniaux Michael Mann et David Fincher ont sorti en 2015 leur plus mauvais film, les frères Coen règnent en maître sur le cinéma contemporain. Pourtant, la carrière des Coen est jalonnée de sorties de routes régulières. Eux s’en amusent, réfutant l’idée que leurs petites sucreries (‘‘Le Grand Saut’’, ‘‘Ladykillers’’, ‘‘Intolérable Cruauté’’ ou encore ‘‘Burn After Reading’’) soient moins abouties que leurs emblématiques productions. C’est avec un certain sens de l’ironie et beaucoup de modestie qu’ils tournent ce type de divertissement. Appelons ça une récréation. Ils remettent ça cette année avec le totalement mineur ‘‘Ave César !’’, film paresseux, ennuyeux, victime d’un manque d’inspiration flagrant.
  Durant l’âge d’or hollywoodien, Eddie Manix (Josh Brolin) est l’homme à tout faire d’un grand studio. Il surveille les stars, règle les problèmes de tournage, se balade de plateau en plateau. C’est à travers ce personnage haut en couleur que les frères Coen nous font pénétrer dans les coulisses du cinéma américain. Lorsqu’un acteur de renom est kidnappé par des communistes, Mannix doit réunir une fortune pour faire libérer le malheureux.
    Prévenons ici le spectateur non averti : ‘‘Ave César !’’ n’est en aucun cas un énième film à suspense avec torture, rançon, meurtre et tutti quanti. Il s’agit simplement d’une comédie fadasse, mal écrite, qui n’est qu’un prétexte à une déclaration d’amour assez couillonne au septième art. Peut-être le pire film des Coen à ce jour. Sans idées, sans matière, remplie de gags éculés (une mallette remplie à ras bord de dollars qu’on n’arrive pas à fermer, qui ose encore ça en 2016 ?). Les personnages de Baird Whitlock et DeeAnna Moran, interprétés par George Clooney et Scarlett Johansson, symbolisent l’arnaque en règle qu’est ‘‘Ave César !’’ : sans épaisseur, ultra clichés, n’apparaissant qu’une poignée de minutes à l’écran… Les mauvaises langues diront d’ailleurs que faire appel au duo Clooney/Johansson pour faire ‘‘acte de présence’’ est un brin opportuniste. Cela permet de placer des noms prestigieux sur l’affiche et attirer le chaland dans la salle de cinéma.
   Quelle ironie de constater que ‘‘Ave César !’’, au départ un hommage à l’âge d’or Hollywoodien, finit justement par utiliser les pires ficelles d’Hollywood pour faire raquer les spectateurs.
 
Note : 05/20
Johan Girard
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