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Braqueurs (2016) de Julien Leclercq Avec Sami Bouajila, Guillaume Gouix, Youssef Hajdi...

    Faisons les présentations. Julien Leclercq, réalisateur de ‘‘Braqueurs’’ en est à son quatrième essai après trois films dispensables : ‘‘Chrysalis’’, ‘‘L’Assaut’’ et ‘‘Gibraltar’’. Leur point commun ? Une certaine noirceur et des scènes de pure violence pouvant jaillir à tout instant à l’écran. Leclercq, pas dénué de talent, avait jusqu’ici tendance à se complaire dans un cinéma ultra stylisé qui nuisait au déroulement de l’histoire. Ce côté tape-à-l’œil, très agaçant, a totalement disparu dans ‘‘Braqueurs’’. Le réalisateur a épuré son cinéma et s’est entouré de deux acteurs-phénomènes dont le grand public se fiche éperdument mais qui ont, depuis bien longtemps, mis à genoux les cinéphiles purs et durs. Commençons par le plus connu des deux : Sami Bouajila. Sa longue filmographie est truffée de navets mais lorsqu’il fait les bons choix et tourne pour de grand cinéastes, à commencer par André Téchiné, il est extraordinaire. Sa performance, très remarquée, dans ‘‘Omar m’a tuer’’ de Roschdy Zem l’a définitivement installé parmi les plus grands. Son compère dans ‘‘Braqueurs’’ est Guillaume Gouix. Ce nom ne vous dit peut-être rien mais son visage ne peut vous être inconnu tant il tourne encore et encore depuis le début des années 2000. Citons notamment la série ‘‘Les revenants’’, le formidable polar ‘‘Alyah’’ ou encore ‘‘Hors les murs’’ sublime histoire d’amour homosexuelle.
   Dans ‘‘Braqueurs’’, le trio va à l’essentiel (le film dure 1h21) et ne s’encombre pas d’intrigues inutiles. Bouajila et Gouix incarnent Yanis et Eric, deux chiens-fous shootés à l’adrénaline, faisant partie du grand banditisme, attaquant les convoyeurs de fonds de la région parisienne avec des armes de guerre. Ca cogne, ça explose, ça tire dans tous les sens. Il y a du sang, des cris et des larmes. En ces temps obscurs marqués par des attentats à répétition, payer un ticket de cinéma pour voir une œuvre aussi sombre peu relever du masochisme mais ‘‘Braqueurs’’ réussit pourtant à divertir. Sans atteindre la perfection des meilleurs films noirs français (citons-en un, le plus impressionnant : ‘‘J’irai au paradis car l’enfer est ici’’), le film tire son épingle du jeu grâce au réalisme à couper le souffle des scènes d’action et à la crédibilité de ses acteurs.
  Comme dans ‘‘Heat’’ de Michael Mann, un modèle évident, ‘‘Braqueurs’’ décrit le quotidien de ces têtes brûlées. Yanis maudit les erreurs du passé ayant entrainé une rupture avec la femme de sa vie pendant qu’Eric apprend à connaître son fils unique après plusieurs années derrière les barreaux. Le premier, insatiable, n’attend qu’une chose : le prochain casse. Alors que le second, plus pragmatique, ne cherche qu’à s’enrichir pour mettre les voiles définitivement. Certains parleront de clichés, évoqueront un air de déjà-vu. S’il est vrai que ‘‘Braqueurs’’ n’invente rien et n’a pas vocation à redéfinir les codes du genre, le film est d’une efficacité redoutable et a tout pour devenir un classique.
 
Note : 15/20
Johan Girard
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