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Elysium (2013) de Neill Blomkamp avec Matt Damon, Jodie Foster, Sharlto Copley...

   Petit flash-back : Septembre 2009, un film étrange au nom tout aussi étrange sort sur les écrans : "District 9". Porté par un buzz injustifié (comme souvent dans ces cas là ...), il récolte un succès inattendu. Derrière la caméra, un Sud-Africain/Canadien (il a la double nationalité), d'une trentaine d'années, plein de promesses. Son nom : Neil Blomkamp. Incontestablement, ce mec là a quelque chose. Une patte, un style. Visuellement, "District 9" est une réussite insolente. Et pourtant, son premier long-métrage est raté. Et pas qu'un peu : montage approximatif, scénario confus, direction d'acteurs laborieuse, ton sarcastique de cour d'école, mélange opportuniste d'influences vomies à l'écran, "District 9" a tout faux ou presque (voir la critique de District 9 par ailleurs).
   "Elysium", sans être aussi mauvais, peine à nous convaincre également. L'idée de départ est néanmoins excellente : en 2154 les pauvres crèvent la gueule ouverte sur Terre. Ils sont entassés dans des bidonvilles sordides. Les riches, eux, se sont installés dans une station-spatiale gigantesque appelée Elysium, équipée de maisons, piscines, et même de prairies, d'arbres, de petites fleurs. Chaque maison est équipée d'une technologie révolutionnaire permettant de guérir blessures et maladies en un claquement de cils. C'est bien connu, quand on a les poches pleines, on ne se refuse rien. Sur Terre, Max (Matt Damon, excellent comme toujours) n'a plus que 5 jours à vivre. Il veut rejoindre Elysium.
   Visuellement, on est en terrain connu. Blomkamp, un peu feignant sur ce coup-là, semble avoir repris exactement les mêmes lieux de tournage et décors que pour "District 9". La grande réussite vient de sa station spatiale Elysium. Visuellement, sur grand écran, ça en jette un max ! Bonne nouvelle donc : Blomkamp n'a pas perdu la main et il semble avoir "les épaules" pour nous en mettre plein la vue pendant encore de longues années.
   La mauvaise nouvelle c'est que le sud-africain est bien parti pour finir comme Roland Emmerich. A savoir, pondre des divertissements spectaculaires cons comme la lune. En effet, durant la première demi-heure, le réalisateur nous agite sous le nez un film S.F classe, inventif avec une dimension sociale marquée. On n'ira pas jusqu'à dire que ce deuxième long-métrage démarre comme une parabole maligne du monde contemporain totalement injuste qui est le nôtre, mais pas loin. Bref on espère voir le digne successeur de "Soleil Vert", "Blade Runner" ou "Dark City" et, à l'arrivée, on récolte un ersatz de "Independance Day" ou "Stargate". Il y a de quoi avoir les boules quand-même, non ?
    Ne croyez pas qu'on exagère. Blomkamp a beau être sud-africain, son cinéma a les pires tics des blockbusters américains. Les changements incessants d'angles de caméra qui font mal à la tête rappellent le Tony Scott de "Domino/Man of fire" (sponsorisés par Doliprane). Tout est prétexte aux bastons, poursuites et explosions. Derrière le film SF se cache un film d'action bêbête. Le dernier quart d'heure, catastrophique, avec ses interminables empoignades et ses flash-backs mielleux finit par nous achever. Tout cela a beaucoup de couilles mais pas assez d'âme. On en viendrait presque à regretter "Oblivion", c'est vous dire ...
 
Note : 08/20
Johan Girard
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