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Holy Motors (2012) de Leos Carax avec Denis Lavant, Edith Scob, Eva Mendes...

   Qu'est ce donc que ce film ? Un bel objet qui ne mène nulle part. Une coquille vide. Une oeuvre arty. En résumé, pour dire les choses très simplement : de la masturbation intellectuelle.Leos Carax, et c'est son droit, choisit de parler de cinéma à travers des paraboles. Denis Lavant incarne un acteur de cinéma aux multiples visages. Et quel nom donne-t-il à son personnage ? Je vous le donne en mille : Oscar ! C'est fin ! Il grimpe à l'arrière d'une limousine qui l'amène dans des lieux étranges où il devient clochard, meurtrier, père de famille. Entre chaque prise, nous l'observons à l'arrière de la voiture, armé de maquillage, perruque, fausse-barbe. Il se transforme sous nos yeux. Le travail de l'acteur qui change d'apparence, de personnalité, d'univers nous est livré de manière implacable et répétitive. Etre acteur, ce n'est pas que que du plaisir, c'est aussi du boulot. On remercie Leos Carax de nous le rappeler.
   Une fois le concept intégré, compris, digéré, on espère évidemment que "Holy Motors" change de braquet et nous élève au-dessus des cieux. Mais, et c'est un comble pour une oeuvre parlant de cinéma, jamais Carax n'arrive à nous faire rêver. Comme un avion auquel on aurait coupé les ailes, le film ne décolle pas. Il y avait pourtant de belles promesses lors des trente premières minutes : Oscar prend place dans sa limousine. Elle l'amènera vers Kay (Eva Mendès) pour le seul moment de grâce du film. A la fois sexuel et christique. Sublime partie dont on aurait aimé qu'elle s'étire en longueur.
   Le reste oscille entre l'ennuyeux et le grotesque. La palme revenant aux deux dernières parties du film, regroupant tout ce que le cinéma d'auteur peut proposer de pire. Abscons et effroyablement prétentieux à l'image de cet échange (on n'osera pas écrire "discussion") entre limousines. Une parabole de plus sans doute. Leos Carax semble nous dire qu'un objet cinématographique, ici une voiture, prend vie à l'écran. 
    Une idée nous traverse l'esprit : et si "Holy Motors" était juste totalement creux ? A vous de voir. On vous préviendra quand-même parce qu'on est sympa : Kylie Minogue joue dans le film. Même qu'elle chante. Un choix douteux de plus dans une oeuvre qui n'en manque pas.
 
NOTE : 05/20
Johan Girard.

  Je comprends pourquoi tous les critiques de cinéma s’insurgeaient devant le manque de reconnaissance de ce film, projeté au Festival de Cannes l’an dernier. Pendant que tout le monde se pâmait devant « De rouille et d’os » et « Amours », Leos Carax venait présenter un ovni, un film qui laisse un peu sans voix…
  L’essentiel du film se passe dans une limousine, comme « Cosmopolis », mais en bien mieux. Dès le début, le film est déroutant. Il s’agit de tout comprendre, car peu d’éléments nous sont donnés. Et voilà, on bascule dans un univers unique, déroutant, dans lequel évolue un personnage, Monsieur Oscar, joué magistralement (et j’insiste !) par Denis Lavant. Il est lui-même plusieurs personnages à la fois, apparemment, c’est son boulot. On est loin du blockbuster américain, on est loin du classique film français. C’est fou parce qu’il y a des moments particuliers où le spectateur devient vraiment actif et vit ces moments de fulgurance qui s’imposent à l’œil. On oscille entre rêve et réalité, entre réalisme et absurde ; la quête est presque surréaliste. Le film n’est pas un amas de trouvailles sans but, je vous rassure. Mais cette inventivité laisse pantois. C’est une sorte de ravissement. Pour parfaire le tout, le film prend réellement son sens dans les derniers instants ; c’est un coup de maître.
   Comme devant une toile imposante et exécutée avec brio par un grand maître, je suis admirative. Leos Carax est libre comme l’air et réalise ici un long métrage riche en explorations diverses et superbes.

NOTE : 18/20

Claire Carlut.

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