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Interstellar (2014) de Christopher Nolan avec Matthew McConaughey, Anne Hattaway, Jessica Chastain...

    Il aura donc fallu attendre 11 mois et des dizaines de long métrages moisis pour se retrouver devant le film de l'année. Une première place toute relative (attendons tout de même le mois de décembre, sait on jamais ...) obtenue lors d'une année cinéma fort décevante marquée par des blockbusters idiots (''Lucy'', ''Amazing Spider-Man II'', ''Transcendence''), des comédies populaires navrantes (''Qu'est ce qu'on a fait au Bon Dieu ?'',"Les trois frères, le retour") et plusieurs énormes ratés de réalisateurs pourtant talentueux (''Zero Theorem''', ''Old Boy'', ''Last days of summer'', ''Maps to the stars'' et le pire de tous, "Gone Girl''). La première place trustée par "Interstellar" sera, vous l'aurez compris, acquise par défaut.
   
    Bien qu'il n'ait pas révolutionné le cinéma et se soit encore moins élevé au rang de Maître Kubrick, le britannique Christopher Nolan aura donc eu le mérite de pondre un très bon film. Et pourtant, on parle ici d'une oeuvre jamais crédible et très ''américaine'' au sens le plus négatif du terme. A savoir un super-héros prêt à sauver l'humanité, du blabla familial à 3 francs 6 sous, des drapeaux américains flottant au vent, un prêchi-prêcha sur l'amour, la fraternité .... bref une bosse grosse poilée indigeste.
   
    Balayons d'emblée une autre critique faite à "Interstellar" : la fin est complètement ratée voire même ridicule. Allons plus loin : les 30 dernières minutes dans leur globalité sont catastrophiques. Le film n'est pas parfait, loin de là, mais son immense ambition le destinait, quoi qu'il en soit, à subir ce genre de revers. 2h45 de pur spectacle à couper le souffle, de rebondissements formidables, de réflexions intenses sur l'âme humaine, le tout emporté par un côté mystique plus ou moins habile et l'on trouvera, évidemment, des spectateurs pour cracher sur l'un des aspects du film.
   
    Laissons donc de côté cette demi-heure ratée pour se goinfrer de ce qui reste : du grand spectacle renversant, des effets spéciaux déments. Le genre de film qui te ramène en enfance, te fait regarder l'immense écran de cinéma avec les yeux d'un gamin. En terme d'intensité dramatique ensuite, de suspense, on est dans la droite lignée du fabuleux "Gravity" sorti il y a tout juste un an. On s'accroche à son siège, on suffoque, on vibre, on plane, on est transporté. Ne cherchez pas d'autre point commun avec le film de Alfonso Cuaron : il n'y en a pas. ''Gravity'' était du pur ''entertainment". ''Interstallar'' est nettement plus ambitieux.
   
    Amoureux de "2001 l'odyssée de l'espace", Nolan multiplie les références à Kubrick (le point rouge sur les ordinateurs rappelant "Hal", les robots en forme de monolithe, etc). Il se fait plaisir en rendant hommage à son modèle et semble avoir la volonté de s'interroger, comme lui, sur l'Homme, son instinct de survie, son égoïsme, sa soif de pouvoir, de conquête. Voyant arriver de loin ceux qui n'ont pas aimé le film, les imaginant aisément se moquer du côté "mystique" d'"Interstellar", nous admettrons ici que Nolan n'arrive pas à la cheville de Kubrick mais qu'il a au moins le mérite de poser des questions audacieuses et même d'y apporter quelques réponses brillantes.
   
    C'est ainsi que, lors de la meilleure scène du film, un personnage incarné par Matt Damon laisse exploser sa lâcheté, son incapacité à assumer ses choix, son immense peur de mourir développée après des années d'errance. De la grande écriture et l'intrusion sensationnelle de réflexions fort intéressantes à l'intérieur même d'un blockbuster, aboutissant ainsi à un film hybride. Spectaculaire mais jamais "facile". Le rythme, par exemple, assez lent en décevra plus d'un (les mêmes qui crachaient sur "2001" à sa sortie ?).
   
    Si le cinéma existe avant tout pour nous faire vivre des sensations, des expériences, nous secouer, nous surprendre alors oui, "Interstellar" est, plus que jamais, le film de l'année.
 
Note : 16/20
Johan Girard
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