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It Follows (2015) de David Robert Mitchell avec Maika Monroe, Keir Gilchrist, Daniel Zovatto...

    Mai 2010, David Robert Mitchell monte sur la scène du cinéma Miramar à Cannes. Nous sommes à la Semaine de la Critique et le magnifique ‘‘The Myth of American Sleepover’’ vient d’être projeté. L’ovation est méritée. Le réalisateur ne sait pas encore que son film ne sera jamais projeté sur grand écran. Ainsi fonctionne le système de distribution à la française. Pendant que ‘‘Supercondriaque’’, ‘‘Les Bronzés 3’’ et ‘‘Qu’est ce qu’on a fait au Bon Dieu ?’’ restent à l’affiche 3 mois dans 450 cinémas de l’hexagone, une petite merveille comme ‘‘The Myth of American Sleepover’’ est bannie des écrans français.
    Février 2015, le second film de David Robert Mitchell, ‘‘It Follows’’ sort en France de manière assez confidentielle. Les obsessions du réalisateur sont les mêmes que pour son œuvre précédente : les doutes de l’enfance, l’éveil sexuel, la nostalgie d’une époque révolue. Pour illustrer son propos, Mitchell choisit un terrain miné : celui du cinéma horrifique. Filmer des adolescents terrorisés, c’est oser regarder dans le blanc des yeux des mythes comme Brian de Palma (‘Carrie’’), John Carpenter (‘‘Halloween’’) ou Dario Argento (‘‘Suspiria’’). L’américain peut-il rivaliser avec ces grands maîtres ? La réponse va bien au-delà de nos espérances.
    Dès les premières secondes, ‘‘It Follows’’ égrène une atmosphère de souffre. Après une relation sexuelle, une adolescente a des visions troublantes. Les codes du genre sont respectés : visages inquiets, personnages ambivalents, apparitions terrifiantes. Mais la mise en scène transcende l’ensemble et la beauté des images décolle la rétine. Comme si, instantanément, ‘‘It Follows’’ était devenu un classique et Mitchell l’alter égo d’un Cronenberg ou d’un Carpenter. Ce sentiment étrange de découvrir un réalisateur mortellement doué au point d’en faire aussitôt l’égal des plus grands, depuis quand ne l’avions-nous plus ressenti ? Depuis une éternité. Ne reste plus qu’à espérer une chose : qu’entre les comédies de Dany Boon et Christian Clavier, les remakes, les suites et les adaptations, les producteurs et distributeurs fassent un peu de place à des œuvres originales et percutantes comme ‘‘It Follows’’. Entre nous, à moins d’habiter Paris et d’accéder aisément à une multitude de salles "Art et Essai", ce n’est pas gagné.
 
Note : 17/20
                                                                                     Johan Girard
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