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La Reine Margot (1994) de Patrice Chéreau, avec Isabelle Adjani, Jean-Hugues Anglade, Daniel Auteuil…

    En voilà un projet ambitieux de vouloir adapter une œuvre romanesque considérable (l’œuvre de Dumas), de montrer le massacre de la Saint-Barthélémy, et d’exposer les relations perverses d’une famille diabolique dirigée par Catherine de Médicis.  Derrière tout ceci, l’envie d’offrir un film écrin à Isabelle Adjani, jeune actrice que Chéreau et sa scénariste Danièle Thompson cherchent à faire triompher dans un rôle sur-mesure.
    Le casting est tout à fait royal. Mention spéciale pour Anglade, en roi fragile, presque fou, et à Henri de Navarre, personnage-clé de l’histoire, joué par Auteuil. Pascal Grégory est aussi à la hauteur, en frère violent et pervers. Le seul hic, c’est ce Vincent Pérez. Il est beau, ce que voulait Chéreau, mais il ne transcende rien. Face à Adjani, il fait pâle figure. 
Le choix de filmer les acteurs de près, de s’insinuer dans leurs querelles intestines, nous permet de savourer chaque enjeu, chaque doute qui traverse les personnages.  Chéreau sait faire confiance au jeu de ses acteurs : il a raison. Adjani est celle sur qui tout repose, celle qui est au centre de tous les duels, celle qui nous envoûte dès la première scène, dans une posture hiératique, inaccessible, en mariée, toute de rouge vêtue.
    Ce film échappe au film de genre : pas de place pour le pittoresque, pour l’accessoire, pour l’anecdotique. Le massacre est vu par le prisme des différents personnages, mélange de crudité et d’esthétisation. La référence picturale est palpable à tout moment : Géricault, de La Tour, Vermeer, Rembrandt, un vrai kaléidoscope. C’est tout simplement un chef d’œuvre visuel.
    Un bel opéra baroque, sanglant, dans la lignée directe du splendide « Les Damnés » de Visconti. Là où Tavernier avec sa "Princesse de Montpensier" a échoué largement, Chéreau, quant à lui, a su relever le défi.
 
Note : 16/20
Claire Carlut
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