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Le Brio (2017) d’Yvan Attal avec Daniel Auteuil, Camélia Jordana, Nozha Khouadra…

   Me voici devant le dernier film d'Yvan Attal, mais je garde un goût un peu amer de « Ils sont partout », qui n’est franchement pas une grande œuvre cinématographique (les fluctuations intellectuelles et réflexions identitaires, ça marche chez Woody Allen seulement…), alors que « Ma femme est une actrice » m’avait conquise. Ici, changement d’ambiance, mais on reste dans le petit microcosme parisien (au pire, on est à Créteil !). Il n’y a pas Charlotte Gainsbourg, mais une autre petite effrontée, Camélia Jordana, la belle découverte de ce film.
   En fait, autant vous le dire tout de suite, la seule vraie réussite de ce film est ce duo d’acteurs contrasté : la jeune novice, le vieux briscard (métaphore de leurs propres situations ?) mais plus simplement, la jeune fille de banlieue qui rêve d’être avocate, et son professeur brillantissime, cynique, pédant, parfois tellement méprisant. Tout le film repose sur un deal, que nous connaissons, mais que notre jeune héroïne (Neïla Salah) ignore ; pour éviter un conseil de discipline et des sanctions à cause de ses nombreux dérapages verbaux (entre racisme et provocation), Pierre Mazard a devant lui une opportunité à saisir : préparer la plus novice et la plus maghrébine de ses élèves de première année au concours d’éloquence qui oppose les grandes universités de droit parisiennes.
 Après une première scène intéressante, le film déroule malheureusement une dramaturgie très attendue. Aucune surprise, aucun réel rebondissement. Heureusement, au cœur du film, une réflexion sur les mots, leurs poids, leurs pouvoirs, se propose, même si on oscille parfois entre clash cliché et bel esprit daté. Malheureusement, au cœur du film, un schéma bien banal : une jeune fille en devenir, qui va s’affirmer en se formant auprès de ce professeur haïssable, qu’elle finit par reconnaître comme une sorte de mentor (donc est-ce vraiment une affirmation ?), et un vieux professeur misanthrope et en décalage permanent avec son époque, qui finit par apprendre lui aussi ( à sa grande surprise ! Mais nous ? Nous ? Sommes-nous si surpris ?) qu’il y a de la vivacité et du brio dans l’esprit de certains jeunes… Le concours de rhétorique n’est qu’un alibi… D’autant que (SPOIL !) la rebelle ne participe pas à la finale, parce que bien sûr, elle arrive en finale ! Il lui enseigne le sophisme, elle lui enseigne l’authenticité ; moi, les sophistes, ça me révolte, alors bon, le laïus des profs de droit, très peu pour moi.
   Mais Auteuil est convaincant, parfois très drôle, grinçant, et Camélia Jordana est rayonnante au milieu de ce terne environnement qu’on appelle naïvement l’excellence. Evidemment, faire un bon film, qui sort des standards, qui opère une vraie réflexion sur le monde, qui ne propose pas une happy end bien-pensante, c’est très difficile. Eviter les dictons, les maximes, et faire un film didactique, c’est presque impossible. Si je fais le bilan, je suis déçue. « Will Hunting » valait le détour ; « Le Brio » est à voir, mais sans beaucoup d’espoir…
Note : 10/20
Claire Carlut
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