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Le Temps de l'Aventure (2013) de Jérôme Bonnell avec Emmanuelle Devos, Gabriel Byrne, Gilles Privat...

   C’est le temps des copains et de l’aventure… Pas du tout… Condenser sur une journée, la vie d’une femme dans le doute sentimental, qui, à la croisée des chemins, va devoir ou croit pouvoir encore faire des choix de vies radicaux… Là est l’aventure humaine ordinaire rythmée par le tic tac continue du temps qui s’égrène et emporte avec lui le champ des possibles.
  Cette femme revient sur Paris pour passer un casting avant de rejoindre à nouveau sa troupe à Calais. Son objectif est de caler un moment avec son compagnon, un repas avec sa mère et son casting, mais voilà un coup de foudre dans le train et les minutes de cette journée lui échappent comme le sable entre les doigts.
   Le thème du coup de foudre est classique et archi rebattu par le cinéma. Mais Jérôme Bonnell donne une facture nouvelle au genre, tout en délicatesse et retenue. Avare en dialogue mais généreux en postures et regards, il conte la violence du coup de foudre avec beaucoup de pudeur et de silence. Il dissèque surtout dans tous ces gestes l’itinéraire de la journée de cette femme en proie au doute.
   Ce portrait de femme est porté par une Emmanuelle Devos au sommet de son art sublimé par la mise en scène de Bonnell. Quelle envie de jouer et quel pouvoir comique chez elle! Prodigieuse comédienne. Sa prestation tranche avec celle d’un Gabriel Byrne aussi expressif qu’une serpillère. De fait, mis à part un échange très juste et très profond dans le lit de la chambre d’hôtel, toutes les scènes où ils ne sont que tous les deux font flop ; dommage pour un film romantique.
   Après, comme tout film d’atmosphère, certains le trouveront hermétique. Mais le va et vient entre la quête du temps qui file comme une étoile et les interrogations profondes sur ses désirs de vie confèrent un charme fou ainsi qu’un romantisme attendrissant à ce film. Un combat permanent entre raison et pulsion : ce n’est pas un peu çà aussi la vie ? Bonnell y ajoute une touche de burlesque à plusieurs reprises qui désamorce pour mieux nous reprendre. Quelques belles scènes très drôles : l’embrassade avec le poteau, la rencontre houleuse entre les deux sœurs, l’échange avec le barman…
   Après le choix contestable du premier rôle masculin, un second bémol relayé aussi par Ouest France : « L'écriture du cinéaste se suffit à elle-même. Tout comme la prestation des deux interprètes. Alors pourquoi Jérôme Bonnell s'est-il cru obligé d'en rajouter sur la corde mélo, avec les accents violoneux de Vivaldi? ». En résumé film profond, romantique, avec une Emmanuelle Devos fantastique pour un film à voir.
 
Note : 15/20
Tout un cinéma
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