​PETITS FILMS ENTRE AMIS

   Régis Demanet, chef timbré d’une bande de VRP sévissant dans le Nord de la France, voit débarquer un beau jour le gendre du PDG. Il s’appelle Jérôme Le Tallec et n’a jamais rien vendu de sa vie. Ses collègues lui apprennent alors les ficelles du métier. Flatter le client, le manipuler, pour mieux l’arnaquer ensuite. Chaque salarié a sa propre technique. Le Tallec les observe les uns après les autres.

 

   N’y allons pas par quatre chemins et soyons un brin provocateur et condescendant (d’autant qu’on aime tellement ça … ) : "Les portes de la gloire" ne s’adresse pas à tout le monde. L’humour, ravageur, qui sévit dans ce film haut en couleur ne plait pas au plus grand nombre. Il n’est pas formaté, vogue en roue libre et surtout (surtout !!!!) il s’imprègne de la bêtise humaine pour mieux la dénoncer. Et là, forcément, plus d’un spectateur pourra s’identifier…

   Au-delà des caractéristiques énoncées à l’instant, les portes de la gloire fait défiler une galerie de personnages minables, menteurs, vulgaires, incultes, beaufs. Cela pourrait être des membres de votre famille, vos voisins, vos collègues, vous ou moi. Forcément, se retrouver devant un miroir déformant peut aussitôt susciter le rejet ou faire rire aux larmes, c’est selon. Exemple : lorsque le boss recadre un vendeur en ces termes : « C’est la guerre ! C’est eux ou c’est toi ! C’est manger ou être mangé ! Eat or to be eat, that’s the question ! T'es ici pour vendre de la merde aux clients et les féliciter d’avoir choisi la reliure. Alors tu sais ce que tu vas faire ? Tu vas arrêter avec tes airs de ‘‘monsieur votre bite à un goût’’ et tu vas te battre ! ».

   On rit aux larmes de ce que la nature humaine offre de pire. L’humour noir y est absolument dévastateur. Tous les personnages sont affligeants (mais attachants !!!). L’oeuvre est caustique mais bourrée de tendresse. Les répliques sont une mine d’or infinie ! Un puits sans fond ! Quelque part entre Blier et Audiard. Incontournable. Vous ne verrez jamais plus les VRP venant frapper à votre porte du même œil.

 

Note : 18/20

Johan Girard