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Man Of Steel (2013) de Zack Snyder avec Henry Cavill, Amy Adams, Russell Crowe, Kevin Costner...

POUR

   Que de joie à l'annonce de l'adaptation de Superman, ce héros un peu lisse, par le terrible Zack Snyder! Parce que oui, Snyder est pour moi "le" réalisateur à suivre, avec ces plans improbables, ces couleurs folles et ce sens de la narration effréné, ces films sont des oeuvres rares dans le déluge hollywoodien de films préfabriqués si ce n'est préformatés.
Mais voilà, après nous avoir vendu des trailers à faire péter la baraque, d'une sobriété folle mais pour une émotion des plus alléchantes, "Man of Steel" débarque mais ne séduit pas.
   Tout d'abord le spitch, qui pourrait tenir dans une tagline: tenir en haleine les spectateurs avec de l'action-destruction à en faire pâlir les plus grands films de genre, tout en narrant la douce et tendre enfance de Clark Kent, grandissant, se comprenant et s'assumant Kal-El. Wouah quel programme mes amis! Man of Steel a en effet comme ambition de résumer en un film ce qui aurait pu se dire en deux (en même temps, le film dure deux heures et demie, faut en avoir des choses à raconter!).
   Alors voilà, pendant une heure et demie environ, on est complètement pris par le film, les images sont léchées, et la narration rondement menée (avec un montage un peu saccadé nous faisant passé sans transition à l'enfance de Clark alors que celui-ci essaie de trouver un sens à sa vie de quasi monstre). "Monstre" le terme est lâché, parce que le scénario a la finesse de nous décrire Clark comme un enfant à part et de fait méprisé par ses semblables mais qui, en plus, doit vivre dans un environnement dur. Je m'explique: si les parents adoptifs de Clark lui apprennent à maîtriser ses pouvoirs, ils lui interdisent de s'en servir et le jeune Clark doit supporter les coups plutôt que de dévoiler le prodige qui sommeille en lui. On en devient de fait plus attaché à ce héros que l'on connait au final si peu; notre esprit étant plus habitué au héros au sourire "Colgate" dans les bras de Loïs.
   La première partie nous décrit très bien Krypton et le pourquoi du comment la planète a disparu, et là on se dit que le message politico-écolo est très très bien mené, subtil et fort, dommage que Snyder n'ait pas plus creusé cette voie là, mais ait préféré nous assener des scènes de combats à en vomir, des scènes de destructions à en faire pâlir plus d'un. Mais voilà, c'est "too much" comme dirait l'autre. Et une heure de destruction-coup-de-poing-de-prends-ca-dans-la-gueule à la fin faut le dire, on s'fait chier, on se tourne sur son siège, on regarde son voisin, puis l'écran pour s'apercevoir que l'on n'a rien loupé. Blasant, pour un film qui avait si bien commencé, avec son ouverture phénoménal qu'on en verserait même une larme tellement c'est beau, tant esthétiquement qu'émotionnellement, et qui avait continué sur un registre certes moins fou graphiquement mais tout aussi plaisant avant de finir dans ce mic-mac de violence.
   Bref, les mots me manquent pour décrire la déception qui m'a envahie lorsque je suis sortie de la salle, je ne m'attendais pas à voir le film de l'année, non, mais à voir un film de Zack Snyder, ce génie du cinéma, et pourtant rien à ce niveau là pour satisfaire mon avidité "cinéphalesque": aucune recherche de plans particuliers à en faire trembler les "Watchmen" et du coup on en vient à se dire que toute la capacité filmique de Snyder est partit dans la recherche du design du costume du héros (ce qui me fait penser à la scène de "passation de pouvoir" où Jor-El donne le costume à son fils, une grosse blague qui prise à part pourrait faire sourire mais qui, prise dans le film, fait franchement rire jaune tellement la scène est d'un cliché effroyable). Enfin, dernière "rancoeur", s'il en est: la non-exploitation du très bon Général Zod (joué par l'excellent Michael Shannon).
   Snyder avait la possibilité de faire un putain de méchant ambigü qui n'en est pas un : le général est "programmé" pour détruire la terre vu qu'il veut sauver Krypton. A-t-il, alors, le choix de ses actes? Peut-il être aussi méchant que l'on le considère puisqu'il agit en vue du bien d'une autre espèce? Un filon négligé qui aurait pu redynamiser la seconde partie du film.
 
NOTE : 12/20
Laureline Massias

CONTRE

   Les années passent, le savoir-faire des réalisateurs et scénaristes évolue et les films de super-héros ont - aujourd'hui - une profondeur étonnante. On parle ici de Batman, notamment "The Dark Knight", "X-Men origins", de loin le meilleur de la série, ou encore des deux premiers "Spider-Man" de Sam Raimi. Tous peuvent être considérés comme des films d'auteur. Ce sont des oeuvres étonnamment matures et terriblement bien ficelées. Du coup, les films d'action les plus classiques ont dû faire leur révolution pour se mettre au niveau. "Mission Impossible IV", de très loin le plus puissant des quatre, en est le plus bel exemple. "Skyfall" est le meilleur James Bond pondu depuis une éternité. Etc.
   Tout cela c'était avant "Man of steel". Sortez la machine à remonter dans le temps, on est revenu 15 ans en arrière. Par où commencer ? Le film est tellement minable qu'il serait vain de lister ses défauts. Trop nombreux. On y passerait la journée.
   Allons-donc à l'essentiel. Man of steel est, tout d'abord, incroyablement laid. On est quelque part entre le jeu vidéo et le cinéma. Le numérique dégouline de l'écran. Les scènes d'action ne sont pas lisibles et le montage est aussi grossier qu'un film de vacances réalisé par un cinéaste amateur. A titre d'exemple quand, dans les premières minutes, Michael Shannon et Russel Crowe jouent à "c'est moi qui ai la plus grosse", leur baston entraine des changements incessants d'angle de caméra de façon effrénée. Comme si Zack Snyder, conscient d'avoir chorégraphié ses combats de manière tristement faiblarde, souhaitait compenser cette faiblesse en dopant bêtement le rythme de l'action. Sauf que nous sommes désolés d'énoncer des données mathématiques aussi évidentes mais 1 point faible + 1 point faible = 2 points faibles, Zack. Un peu comme si vous mettiez trop de sel dans votre purée et que vous choisissiez de mettre trois fois plus de poivre pour compenser ! Voilà, Zack, elle est dégueulasse ta recette !
  Parlons un peu du scénario. Superman bébé est envoyé sur Terre. Plutôt que d'installer tranquillement une ambiance, nous décrire la famille qui l'accueille, et développer la façon dont il découvre ses pouvoirs, le film nous envoie directement à ses 25 ans. En une fraction de secondes, le voilà au coeur des flammes sauvant une poignée de personnes d'une mort certaine. Et c'est comme ça pendant 2h20. Trop c'est trop. "Man of Steel" enchaine les scènes d'action sans jamais chercher à donner de la profondeur à ses personnages ni donner la moindre consistance à une intrigue indigente.
   Cela paraît dingue mais les scénaristes se sont privés, de manière explicable, de ce qui fait tout l'intérêt du personnage principal ! Comment Clark Kent, alias Superman, a-t-il découvert ses pouvoirs ? Comment l'a-t-il vécu ? Comment son entourage a-t-il réagi ? Comment a-t-il géré sa différence ? Comment a-t-il supporté le regard des autres ? Rien là dessus hormis 3 flash-back aussi grotesques que mal dialogués. Balayer du revers de la main toute cette partie de sa vie est suicidaire. "Man of steel" ne répond à rien. "Man of steel" ne parle de rien. "Man of steel" est du rien. Une boîte de petits pois a plus de consistance que ce truc qui prétend être un film mais n'est que du vide.
    Les scénaristes, ces rois du mauvais goût, choisissent de consacrer toute leur énergie aux bastons et à la relation sentimentale, d'une rare bêtise, entre Loïs et Superman (on n'écrit pas "entre Loïs et Clark" puisqu'elle découvre ses pouvoirs tout de suite, là encore il faudra nous expliquer ...). On les voit donc se toucher la main, se regarder dans le blanc des yeux, se faire des confidences sur leur passé. Lourde et superficielle, cette partie du scénario atteint un point de non-retour quand Superman confie à Loïs la façon dont son père est mort. Cette dernière, émue aux larmes, choisit de mettre de côté sa carrière, ses scoops, et le reste, pour protéger Superman. C'est "La petite maison dans la prairie" version superhéros. Même une fillette de 8 ans ne croirait pas à ces salades.
   Apportons maintenant une précision importante : J'ai bien conscience que "Man of steel" est un produit estival destiné à divertir les populations de masse et non une oeuvre héritée de Tarkovski ou Bergman. Autrement dit, le premier qui me répond "ouais mais ça va quoi ! C'est du divertissement !" je le renvoie dans ses 18 mètres. Exigeons un minimum quand-même ! Le problème était le même avec l'affligeant "Total Recall" de Len Wiseman sorti en 2012 : des scènes d'action à la con, un scénario inexistant, des personnages sans le moindre relief et des dialogues écrits par un môme trisomique. Sans atteindre la bêtise de "Total Recall", ce "Man of steel" nous livre tout de même une montagne de répliques idiotes et une flopée d'incohérences. Exemple ? Quand les salauds débarquent sur Terre, ils lisent dans les pensées des êtres humains en les empoignant. Pratique quand on cherche un truc que Superman a confié à Loïs ! Encore plus pratique quand on sait que Loïs possède le truc en question !! Et encore, encore plus pratique quand on détient Loïs prisonnière, dites-donc !!! Hé ben croyez nous si vous le voulez, quand j'ai quitté la salle avant la fin (parce que faut pas déconner quand-même), ils le cherchaient encore leur machin là qui changera la destinée du Monde. Bande d'incapables.
 
Note : 02/20
Johan Girard
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