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Melancholia (2011) de Lars Von Trier avec John Hurt, Kirsten Dunst, Charlotte Gainsbourg…

   "Breaking The Waves" est l’un de mes tous premiers coups de cœur cinématographiques, et  Lars Von Trier, dont j’ai vu presque tous les films, non seulement ne m’a jamais déçue, mais a réalisé durant ces cinq dernières années deux de mes 50 films préférés de tous les temps: "Melancholia" et "Antichrist" (que je prendrai le temps de revoir pour le chroniquer ici même).
Si les 10 premières minutes peuvent faire peur (et sont très surprenantes pour un film de Monsieur Von Trier), elles ne sont qu'une introduction au film. Comme un résumé en forme de présages mystérieux et symboliques...
   Après ce prologue, donc, nous suivons le déroulement de la cérémonie post mariage de Juliette, organisée par sa sœur, Claire. Le film se divise en deux chapitres: un pour chacune des sœurs. Certaines séquences caméra à l'épaule m'ont foutu un peu la gerbe, mais à part ça, et après ça, tout s’est très bien passé...Le reste du public (très peu de gens d’ailleurs) avait parfois des réactions incongrues… Comme le rire, qui n’est vraiment pas de circonstance…
   Mais j’ai compris en sortant de la salle qu’il y a avait eu un malentendu entre l’attente de certains et le contenu du film…Alors pour ceux qui sont vierges de toute LarsVonTriererie, et pour ceux qui s’attendent à un film dit « catastrophe » avec des sirènes, des morts, des familles désunies et des immeubles qui s’effondrent en veux-tu en voilà, vous DEVEZ changer de perspective avant d’appuyer sur le petit triangle.
   J’ai en effet entendu en sortant du cinéma deux spectateurs critiquer l’incohérence due au fait qu’un tel évènement, s’il arrivait vraiment, rameuterait les médias et rassemblerait l’ensemble des forces de l’ordre pour intervenir… Qui nous dit que ce n’est pas le cas ? Cet aspect « impact sur l’organisation du monde et les décisions gouvernementales » n’est simplement pas traité. Nous restons à la campagne, isolés du reste du monde, avec Juliette et Claire, ainsi que le mari et le fils de cette dernière.

  Melancholia, qui est le nom donné à une planète apparemment recouverte (si ce n’est entièrement constituée) d’eau, va probablement percuter la Terre dans peu de temps. Il n’y a rien à faire d’autre qu’attendre, ou espérer qu’elle passe à côté. La question du film n’est pas : que feraient les autorités dans cette situation ? C’est une réflexion plus profonde sur la mélancholie. Le film est une allégorie au service de cette notion. Il est une vision : celle du réalisateur. Elle vous touchera ou ne vous touchera pas. Point.
   Personnellement, ce film m’a parlé... Et il est d’ailleurs difficile de commenter le fond plus en détails... Ce que le film fait c’est aussi ça : s’exprimer sur un sujet que nous n’abordons pas dans la vie triviale car il est trop intime, et donc narcissique, d’une certaine façon (clin d’œil à quelqu’un qui me lira peut-être). Selon moi, l’art en général a parfois cette vertu. Et c’est bien.

J’ai trouvé le film très beau, malgré la musique qui m’a même irritée au début…Cette planète qui menace d’avaler la nôtre, au grand soulagement de ceux qui s'y sentaient mal... Et rendant infiniment tristes ceux qui voudraient que la vie, que leur vie, continue...

   L’image de cette planète bleue, absorbée par une autre encore plus bleue et plus grande... Peut-être une future Terre qui, s'étant nourrie de la précédente, accueillera de nouveau la vie... Ou bien simplement une planète Mère, qui soulagerait la Terre de la vie qu'elle porte, en la recueillant dans sa propre matière… Ainsi la Terre serait à la fois anéantie et rendue à un point très lointain de son existence. Comme un enfant retournant dans le ventre maternel...
   Un retour au néant comme unique issue, comme unique façon de ne plus souffrir. Si c’est ce qui arrive, alors la mélancolie l’aura emporté sur la joie de vivre, qui n’aura pas été assez forte et solide …Des extrapolations poétiques et philosophiques jaillissent de cette possible rencontre (pour ne pas spoiler je ne vous dirai pas si elle a lieu). Mais c’est de VOTRE cerveau/esprit qu’elles viendront, ces pensées, et non de la personne qui a orchestré ce film. Il ne s’agit pas de nous mâcher des idées et de nous les faire avaler malgré nous.

   Il s’agit d’une œuvre d’art, d
’un conte sans épilogue ni morale. Mon seul bémol reste vraiment le choix de la musique (= Wagner). L’introduction étrange se justifie finalement assez vite, bien que sa nécessité puisse être remise en question.

NOTE: 18/20

(Note pour les amateurs: Sortie du prochain Lars Von Trier ("Nymphomaniac") prévue en 2013 !)

Myxo

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