​PETITS FILMS ENTRE AMIS

   Admettons-le, Nicolas Bedos a toutes les caractéristiques du mec qu’on aime détester. Issu d’une famille aisée, scolarisée à Neuilly, fils d’un acteur et humoriste renommé, on peine à croire que le petit Nicolas a ramé pour arriver là où il est aujourd’hui. Sans doute est-ce un raccourci réducteur, voire un procès d’intention mais, c’est bien connu, on ne prête qu’aux riches. La logique est la même pour Vincent Cassel, Julie Depardieu, Joséphine Berry, Charlotte Gainsbourg, Romane Bohringer, Lou Doillon, Izia Higelin, Louis Garrel, Ana Girardot … une journée ne suffirait pas pour lister tous les « fils de », « fille de » ayant plus ou moins fait carrière dans le cinéma. Sauf qu’à un moment, il faut faire ses preuves.

   Les premiers pas de Nicolas Bedos au cinéma furent hésitants. Seconds rôles dispensables (‘‘L’amour dure trois ans’’, ‘‘Populaire’’) et prestations plus étoffées dans des comédies romantiques honteuses (‘‘Amour et Turbulences’’), pas de quoi pavoiser ! Et puis "L'invitation" passa par là et notre regard changea. Une histoire un peu paresseuse mais attachante co-écrite par Nicolas Bedos sur deux trentenaires en perdition. Un film de branleurs mais un film de branleurs réussi ! Drôle et mélancolique.

   On retrouve ces ingrédients dans "Monsieur et Madame Adelman", sa première réalisation. Le projet est ambitieux : couvrir cinquante ans de la vie d'un couple. Bedos s'éloigne des comédies romantiques à la con qui fleurissent toute l'année sur les écrans. Le résultat est à la fois hilarant, acide et émouvant. L’osmose du duo Sarah-Victor (Dora Tillier-Nicolas Bedos) prend aux tripes et leurs petits malheurs font rire aux éclats notamment quand le couple subit la bêtise d’un fils attardé et de parents allumés. Le film a plusieurs faiblesses (mise en scène quelconque, voix off omniprésente, un léger problème de direction d'acteurs parfois) mais le scénario foisonne d’idées originales et de vannes irrésistibles. Laissez-vous tenter. Vous ne serez pas déçus.

 

Note : 12/20

Johan Girard