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Nocturnal Animals (2017) de Tom Ford avec Amy Adams, Jake Gyllenhaal, Michael Shannon...

   Tom Ford, styliste américain qu’on ne présente plus, a toujours été attiré par le monde du cinéma. Collaborateur artistique sur un James Bond (‘‘Quantum of solace’’ en 2008), il a tenté de faire l’acteur dans plusieurs long-métrages notamment ‘‘Zoolander’’ en 2001. Il y jouait son propre rôle non sans un certain second degré. C’est en 2009 que les critiques et le public ont commencé à le prendre au sérieux avec ‘‘A single man’’ dont il était scénariste et réalisateur. Film inégal, ultra esthétisant, ce premier essai ressemblait à une pub géante de 1h30.
   La sortie de ‘‘Nocturnal Animals’’, son deuxième long, ne suscitait donc pas d’attente particulière jusqu’à ce que le casting tombe. Royal. Jugez plutôt : Jake Gyllenhaal, sans doute l’acteur américain le plus singulier du moment. Chacun de ses choix nous entraine vers des contrées étranges. Ses rôles repoussent toujours un peu plus les frontières de la folie. Les spectateurs ayant vu les formidables ‘‘Donnie Darko’’, ‘‘Démolition’’, ‘‘Night Call’’ ou encore ‘‘Prisoners’’ ne nous contrediront pas. A ses côtés, la rousse piquante Amy Adams vue récemment dans le très surcoté ‘‘Premier contact’’ et que l’on avait pu admirer auparavant chez Tim Burton, Paul Thomas Anderson, Steven Spielberg ou David O’Russell. Enfin, pour compléter ce casting de dingue : Michael Shannon, l’acteur fétiche de Jeff Nichols.
   Le scénario mélange habilement thriller et drame, réalité et fiction, présent et passé. Susan Morrow, une galeriste d’art de Los Angeles a une vie étriquée et un conjoint volage. Elle s’ennuie à mourir dans sa somptueuse villa jusqu’au jour où elle reçoit le manuscrit d’un homme qu’elle a bien connu autrefois, Edward Sheffield. Ils étaient mariés il y a une vingtaine d’années mais elle le quitta brutalement. ‘‘Nocturnal Animals’’ devient alors la chronique mondaine d’une femme à la vie sordide et appuie là où ça fait mal. D’abord en nous plongeant dans le passé commun de Morrow et Sheffield puis en déroulant avec âpreté le roman ultra violent écrit par ce dernier. Si le film lorgne du côté de David Lynch, il finit par s’en écarter. Les références les plus évidentes sont plutôt à chercher du côté de ‘‘Killer Joe’’ de William Friedkin, ‘‘U-Turn’’ d’Oliver Stone ou encore ‘‘The Killer inside me’’ de Michael Winterbottom. L’ambiguïté est poussée à son paroxysme grâce à Jake Gyllenhaal qui interprète Edward Sheffield, écrivain abandonné par celle qu’il a tant aimé, et Tony Hastings, le personnage principal du roman. Et si le point commun entre les deux mâles était la vengeance ? Et si Hastings et Sheffield ne formaient plus qu’un ? Pour connaître les réponses, vous savez ce qu’il vous reste à faire.
 
Note : 12/20
Johan Girard
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