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Only God Forgives (2013) de Nicolas Winding Refn avec Ryan Gosling, Vithaya Pansringarm, Kristin Scott Thomas...

   Julian tient un club de boxe thaïlandais derrière lequel se cache un réseau mafieux. Son frère est assassiné et Julian décide de se venger.

   Il y a un énorme malentendu autour de Only God Forgives. Il suffit de voir l'affiche française pour s'en convaincre : Ryan Gosling en débardeur moulant se la jouant ténébreux. Rasage nickel, coupe de cheveux parfaite. Le sex-symbol des années 2010 prend la pose, surexploitant l'image du héros taiseux qu'il s'est construite depuis Drive. Tout cela sent bon le film de pisseuses. Ca tombe mal, Only God Forgives est exactement l'inverse. On imagine d'ici les réactions des spectateurs les plus sensibles face au déchainement de violence contenu dans le film. Membres coupés, tronches explosées, torture plein cadre. Mais encore ?
   Tentons de clarifier les choses : Nicolas Winding Refn est un auteur expérimental adepte du cinéma violent et radical. Le gars aime se faire plaisir, à l'image d'un Gaspar Noé, en poussant le spectateur dans ses derniers retranchements. Sa trilogie "Pusher" mais aussi l'étrange "Bronson" sont là pour nous le rappeler.
    En d'autres termes, "Drive" était le contre-exemple parfait de ce qu'est son cinéma : une œuvre grand public. Un malentendu on vous dit.
   Avec "Only God forgives", Refn opère un virage à 180 degrés. L'action se déroule dans d'obscurs clubs de Bangkok. Le scénario n'a aucun intérêt (une énième histoire de vengeance et de mesurage de quéquettes) mais si l'on s'arrêtait à cela, on ne regarderait jamais aucun film de Tarantino ... Alors poursuivons ... Les bons et les méchants avancent main dans la main. Ryan Gosling incarne un raté de la pire espèce. Et, on allait presque oublier : le film contient plus de musiques que de dialogues. Ca fait beaucoup.
   Que Refn choisisse d'emprunter un chemin biscornu, se fichant éperdument de son scénario, comme des dialogues, passe encore. Qu'il chorégraphie à outrance chaque scène de violence, avec un mauvais-goût assumé, à la limite pourquoi pas. Qu'il martyrise son personnage principal, Julian, et brise violemment le mythe Gosling, quitte à le défigurer pour l'occasion : on applaudit. Mais, alors, d'où vient cette désagréable sensation d'avoir vu une série B de la pire espèce ?
   "Only God Forgives" est un nanar sympathique. Il n'avait, disons le tout net, rien à foutre en compétition officielle à Cannes. Sa place serait plutôt au fond d'un vidéo club à la clim' déglinguée, posée sur une étagère poussiéreuse aux côtés de "Trauma", "Ichi the killer", "Enter the void" et autres bizarreries en tous genres. Ca tombe bien, cet endroit, on s'y sent bien.

NOTE : 11/20
                                                                                                                                                         Johan Girard

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