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Quai d’Orsay (2013) de Bertrand Tavernier avec Thierry Lhermitte, Raphaël Personnaz, Niels Arestrup...

   Chronique du traitement politique des crises par le ministère des affaires étrangères. Le ministre est inspiré par Dominique de Villepin. Les crises sont gérées par le directeur de cabinet du ministre et le ministre s'occupe des discours et la com’. Pour l’aider dans cette tâche, ce dernier recrute un jeune loup de l’ENA.
   C’est ce dernier qui participera à l’écriture d’une BD acide sur ses 2 années passées au côté de Dominique de Villepin. Celle-ci revisitée par l’excellent Bertrand Tavernier donne un petit bijou de finesse, d’intelligence et de fluidité confondante au regard de la grande densité d’informations dont le spectateur est assailli. Dans les mains de Tavernier, tout est travaillé et le sujet hyper documenté comme un « L627 » à son époque. Excepté ici où il trempe sa plume dans l’acide pour décrire ce milieu si particulier. Cette satire sur la politique française est ébourrifante. Tavernier met un rythme échevelé par un montage nerveux; le spectateur se trouve pris à son insu dans le tourbillon de cette ruche.
   Cette énergie permanente se révèle même fatigante mais nous met au cœur de son récit : « une œuvre tempête » ont écrit certains. A 72 ans pour sa première incursion dans la comédie, Tavernier fait mouche ; c’est drôle, brillant, moderne, burlesque et sans temps mort. Les dialogues écrits au cordeau sont débités comme une mitraillette. Plus qu’égratignés, les politiciens en prennent plein les musettes, relégués au rang de faire valoir de la république. Tavernier, au travers de la comédie, met le doigt là où çà fait mal, surtout en ce moment. Il relaie parfaitement la question que se posent les français : « A quoi servent-ils ? ». Ne pas oublier tout de même que l’on est loin du pendant hyper réaliste du dernier film du genre : « L’exercice de l’Etat ». Ce dernier usait d’agilité et de précision pour capter au mieux la jungle du pouvoir. Il laissait malgré tout pantois sur les arcanes du pouvoir. "Quai d'Orsay" a le même pouvoir en avançant à découvert sous forme de satire corrosive efficace.
   Et puis, Tavernier s’appuie sur un casting fourni vu le nombre de personnage qu’il fait tournoyer dans son cadre. Au centre Thierry Lhermitte au jeu limité pour le besoin de la caricature assure le service attendu ; on n’attendait pas non plus du Olivier Gourmet dans l’ambiguïté de l’homme d’Etat qu’il exerçait dans « L’exercice de l’Etat ». Raphël Personnaz est à la limite de l’invisible, étouffé entre le bouillonant Lhermitte et le monstre de calme Niels Arestrup. Ce dernier est assurément, et contre toute attente, le centre névralgique du film. En gros chat épuisé qui en a vu d’autres, il est à contre emploi de la bête glaçante habituelle. Il donne une image hilarante de l’homme de la situation qui connait les rouages par cœur, maitrise toutes situations et continuera à être là avec le prochain, et le prochain… un homme sans vie réelle…
   A voir pour tous ceux qui aiment la chose politique mais qui ne sont pas encore totalement aigris.
 
Note : 14/20
Christophe Faure
http://tout-un-cinema.blogspot.fr
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