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Réparer les vivants (2016) de Katell Quillévéré avec Emmanuelle Seigner, Tahar Rahim, Anne Dorval...

   Simon, un adolescent de 17 ans, meurt d'un accident de voiture. En état de mort cérébrale, son existence psychique n'est plus qu'une chimère mais son corps physique, lui, est maintenu en vie. Alors que ses parents font face à la peine, une patiente attend la greffe qui lui sauvera la vie...
   Avec un titre aussi poétique, un casting plutôt alléchant (Tahar Rahim, Bouli lanners, Dominique Blanc... ainsi qu'Alexandre Desplat à la musique) et une critique aussi unanime, mes attentes étaient-elles trop élevées? Je suis ainsi sortie avec un sentiment mitigé de ma séance, ne sachant vraiment pas si j’avais ou non aimé ce film...
   Mais est-ce vraiment un film? Pendant quasi une heure et demie, on oscille en effet entre mise en scène cinématographique et documentaire anatomique. On a ainsi plus l'impression d'assister à une docufiction, ce qui ne m'a personnellement pas du tout plu. Ce sujet grave a tout pour faire pleurer son public mais est-ce une raison pour en faire un manifeste, une propagande en faveur des dons d'organes sans plus penser à la narration? A ceux qui argumenteraient qu'au contraire le film est plus profond que cela (son titre en est la preuve),  qu'il s'adresse aussi à tous ces hommes fêlés cherchant juste un peu d'amour ou un geste de tendresse, je répondrais que tout ceci est noyé dans un méli-mélo tuant tout récit et toute finesse cinématographique.
   Pourtant le film ne manque pas de bonnes idées: la mer, perçue comme un personnage à part entière, enivrante, dangereuse et vivante. La vie de Simon perçue par bribes, le stress du corps médical et la peur de cette mort, latente... Mais voilà, ces idées à peine exploitées sont aussitôt abandonnées et se perdent dans un récit trop dense. Plein de personnages, trop (mais à quoi sert réellement le personnage incarné par Alice Taglioni ?) et ainsi aucune véritable attache. On aurait aimé avoir moins de protagonistes mais mieux dépeints. J'aurais adoré en savoir plus sur la vie de Simon (Gabin Verdet) ou encore sur celle de Thomas (Tahar Rahim)... Au lieu de ça, on ressort plus instruit sur le don d'organes, ses différents corps de métier et comment s'effectue une greffe. Si je trouve le sujet fabuleux et important, il n'en reste pas moins que je m'attendais à une narration mieux tenue, mêlant récit et mise en scène cinématographique, et non juste des ficelles essayant péniblement de faire le lien donneur-receveur... Donc voilà on pleure, beaucoup, parce que le sujet est grave, mais ce n'est malheureusement pas suffisant pour faire un grand film. Dommage car la réalisatrice avait toutes les clefs en main comme elle nous l’a prouvé avec la magnifique séquence de "mort physique" de Simon. Mais encore une fois, ce ne sont pas les bonnes idées qui manquent à ce film, juste la hardiesse de se dire qu'une bonne mise en scène simple et subtile amène une plus belle émotion et donc un meilleur impact sur le public qu'une publicité d'une heure trente sur le don d'organes...
 
Note : 10/20
Laureline Massias
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