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Saint-Amour (2016) de Gustave Kervern et Benoît Delépine avec Gérard Depardieu, Benoît Poelvoorde, Vincent Lacoste...

  Septième film du duo grolandais, toujours plus ou moins dans l'ombre et c'est très bien comme ça. Les deux compères ont dorénavant une marque de fabrique, un style bien à eux. Un humour potache, parfois noir, ironisant sur les franchouillards. Leurs personnages sont souvent des marginaux, volontaires ou non, pour lesquels Delépine et Kervern montrent une forme d'amour, une tendresse palpable pour ces rebuts de la société souvent maladroits mais toujours touchants. En outre, une poésie latente ressort de leurs films, notamment dans l'esthétisme (« Mammuth » par exemple). Enfin,  le tout est saupoudré d'une satire sociale, se rapprochant parfois du grand Ken Loach.
   Le film prend comme point de départ le salon de l'agriculture, où nous faisons la rencontre de Bruno (Benoit Poelvoorde) qui subit de plein fouet le spleen de l'agriculteur quadragénaire et célibataire, préférant se saouler la gueule avec son pote (Gustave Kervern) bien copieusement plutôt qu'être l'agriculteur sérieux dont rêverait son père. Jean (Gerard Depardieu), le père, est lui terriblement seul depuis la mort de sa femme et voudrait que son fils soit autant passionné que lui pour son métier. Pour resserrer les liens, il décide d'entamer avec son fils un road-trip sur la route des vins avec un taxi-man (Vincent Lacoste). L'occasion d'entamer un voyage, thème phare également des réalisateurs, qui sera riche en rencontres drôles et touchantes.
 Toutes les thématiques, les marques de leur style, décrites précédemment, qui font la qualité de leurs films sont ici présentes. Ainsi, « Le Grand Soir » était avant tout une réussite par son humour punk laissant de côté la poésie, « Saint-Amour » prend le chemin inverse et se rapproche plus de « Mammuth ». Le film est évidemment drôle, mais il laisse son empreinte avant tout par l'émotion qu'il suscite, en particulier par le destin de ses personnages. Le lien entre « Saint-Amour » et « Mammuth » est d'ailleurs assez évident, puisque Depardieu est au casting des deux en tant que personnage principal. Qui pourrait être plus touchant et poétique que cet ogre débordant de sensibilité et de grâce ?
  Au delà de ces aspects, le film regorge de scènes géniales et de rencontres fortuites mémorables. « Les  dix stades de l'ivresse » décrits par Poelvoorde est assurément une des scènes les plus drôles que j'ai pu voir au cinéma ces derniers temps. Tout comme leur rencontre de Vénus (Céline Sallette, si belle déjà dans « Les Revenants »), assure un final digne des films de Bertrand Blier. Quand je vous dis que c'est gracieux, je ne me fous pas de votre gueule…
    Je me tue à le dire depuis quelques temps, Kervern et Delépine sont les meilleurs réalisateurs français en activité, en toute subjectivité car je les aime d'amour. Ils sont les dignes représentants du cinéma de Blier ou autre Audiard (Michel), Verneuil et compagnie. Tout en apportant leur originalité, leur humour propre au Groland. Ce n'est pas pour rien qu'ils sont toujours accompagnés d'acteurs géniaux (Poelvoorde, Depardieu, Dupontel, Bouli Lanners, Yolande Moreau) et qui, de plus, dans leurs films, sont dignes de leurs meilleures performances (car oui on connaît les écarts cinématographique de Poelvoorde et Depardieu). « Saint-Amour » est un bon voir très bon film, dans la continuité de leur cinématographie. Longue vie au Groland…
 
Note : 15/20
Nifa
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