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Spotlight (2016) De Tom McCarthy Avec Michael Keaton, Mark Ruffalo, Rachel McAdams...

  Vous l’avez lu, vu, entendu dans tous les médias alors nous n’y reviendrons pas. Oui, ‘‘Spotlight’’ est le digne héritier de l’emblématique ‘‘Les hommes du Président’’. Oui, pour chaque scène tournée, le réalisateur Tom McCarthy a fait systématiquement plus de cent prises jusqu’à ce que ses acteurs soient totalement épuisés. Oui, ‘‘Spotlight’’ est la première claque de l’année 2016. Il s’inspire d’une histoire sordide mais vraie : au début des années 2000, à Boston, la ville plus catholique des Etats-Unis, des centaines de prêtres ont abusé d’enfants, couverts par l’église qui les a, dans le pire des cas, mutés dans une autre ville. Ils ont alors poursuivi leurs terribles méfaits en toute impunité. Jusqu’à ce que des journalistes d’investigation (l’équipe « Spotlight ») ne fourrent leur nez dans cette affaire, les victimes ayant porté plainte ont été broyées par le système et n’ont jamais réussi à faire condamner les religieux. Certains se sont suicidés, d’autres sont devenus drogués ou alcooliques. Toute puissante, l’église catholique a usé de toute son influence pour faire taire les brebis égarées. Révoltant.
   Le film démarre donc en 2001 lorsque le nouveau patron du journal « Boston Globe » pousse quatre journalistes à enquêter sur les cas de pédophilie à Boston. 1 prêtre est suspecté, puis 3, puis 13, puis 87. Les Etats-Unis sont concernés, puis l’Europe, et enfin le Monde entier. Les langues se délient. Les preuves tombent. Le film déroule avec une précision chirurgicale l’investigation de ces journalistes. Des surhommes dont ni vous, ni moi ne connaissons les noms. Ainsi fonctionnent nos sociétés contemporaines. On adule les stars de football milliardaires, les tocards de la télé-réalité, on attribue la Légion d’Honneur à des célébrités encartées au parti au pouvoir, mais on ignore tout de ces héros de l’ombre qui sacrifient leur vie pour dénoncer un scandale à l’échelle mondiale.
     Et le cinéma dans tout cela ? Il serait hors-sujet de mettre en avant la forme du film au détriment du fond. Toutefois, l’un ne va pas sans l’autre. Pour que ‘‘Spotlight’’ fonctionne réellement, le récit nécessite une mie en scène brutale, sèche. Le scénario est vif, rythmé. On accompagne les journalistes sur le terrain. Nous oublions alors que nous sommes tranquillement assis dans une salle de ciné. C’est en leur compagnie que nous subissons une pression quotidienne de l’Eglise, recueillons des témoignages d’anciennes victimes, négocions avec des avocats qui mentent comme des arracheurs de dents pour la récupération de pièces juridiques primordiales. L’enquête, puisque c’est bien d’une enquête dont il s’agit, est menée de façon méticuleuse, documentée, précise. Plus encore que ‘‘Les Hommes du Président’’, ‘‘Spotlight’’ rappelle invariablement deux chefs d’œuvre : ‘‘Zodiac’’ de David Fincher et ‘‘Révélations’’ de Michael Mann. En se hissant à leur niveau. Que pleuvent les Oscars !
 
Note : 15/20
Johan Girard
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