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Spring Breakers (2013) d'Harmony Korine Avec James Franco, Vanessa Hudgens, Selena Gomez...

POUR

   Pour sonder la bêtise du Monde moderne, Harmony Korine nous tient par la main jusqu'au royaume de la superficialité : le Spring Break, en plein coeur de la Floride.
   Dès lors, c'est un programme classique de sexe, drogue, alcool qui s'abat à l'écran. Korine ne cherche jamais à nous faire aimer ses personnages, encore moins à nous faire adhérer à cette misérable aventure de trois adolescentes s'emmerdant dans leur vie étriquée et cherchant le grand frisson. Là est son idée de génie. Le spectateur ressent alors une révulsion légitime face à ce festival de débauche. Il rejette ces personnages tous aussi crétins les uns que les autres. A l'heure où le cinoche nous survend constamment des héros beaux, généreux, admirables, des exemples pour toute la famille, il est particulièrement couillu de pondre une oeuvre d'art qui va à l'opposé des productions superficielles que l'on bouffe à longueur d'année.
   La clé du film est donc là. Il faut distinguer ce qu'est réellement ce long métrage (à savoir ses ingrédients : mise en scène, scénario, photographie, etc) et ce qu'il nous décrit. Autrement dit, repousser le film parce qu'on ne supporte pas la bêtise caractérisée de la jeunesse américaine présente à l'écran est une tentation. Acceptez de ne pas y succomber et "Spring Breakers" s'offrira à vous.
   Vous découvrirez alors une mise en scène royale construite sur des plans-séquences de feu (le traveling lors du braquage est de ce point-de-vue absolument fantastique) et un montage nerveux, chaotique, reflétant l'état mental des jeunes filles à l'écran. Oubliez le vide intersidéral du dernier Sofia Coppola (le nanaresque "Bling Ring") ou les branlettes arty du néfaste Gus Van Sant. Korine brûle l'american way of life en filmant avec une rare modernité une jeunesse désespérée, sans illusions. Sans futur.
   "Spring Breakers" ne cherche jamais à être cool, divertissant ou populaire. On parle ici d'un drame sordide, d'un grand film désespéré.
 
Note : 16/20
Johan Girard

 

CONTRE

    Dans l’esprit de « The Bling Ring », le film « Spring breakers » met en scène des adolescentes fofolles qui, par appât du gain et du luxe, virent complètement délinquantes. Si exceptionnellement, Les Cahiers du cinéma ont adoré, de mon côté j’ai parfaitement détesté.
    Et cela commence par le casting : Vanessa Hudgens, Selena Gomez, et autres jouvencelles made in America, merveilleuses interprètes de rôles aussi creux que caricaturaux. Elles sont jeunes, désabusées, excitées par l’interdit, l’alcool, la drogue, le sexe, l’argent. Elles sont tellement fades qu’on ne les distingue qu’en groupe, impossible de vraiment les individualiser ; au moins, dans les films de Larry Clark, la chose était possible. James Franco?Je ne comprends pas. Il est à peine plus doué pour jouer les racailles blanches rageuses que Sara Forestier dans « L’Esquive ». 
    Le film ? Les uns le voient « fun », les autres les voient « vides ». Je suis, bien sûr, de ces derniers.
  La musique de Skrillex, pour encore plus de couleur locale, de pittoresque, c’est merveilleux, mais ça ne marche pas sur moi. La vague tension qui existe entre les personnages est tellement intense que j’ai voulu arrêter là le visionnage du film. Quand enfin, une des héroïnes se prend une balle perdue, je me réjouis, j’attends le massacre du petit groupe. Perdu, la jeune vierge effarouchée prend le bus pour rejoindre papoune et mamoune et les deux autres se disent qu’après tout, c’est pas grave car elles, elles survivront sûrement à tout. C’est le girl power le plus naze du monde.
   Ménage à trois, exploration buccale d’un revolver, sentiment de toute-puissance et de domination sur ce monde complètement pourri : voilà à quoi se résume le film.
    C’est gros comme une saucisse allemande, c’est fin comme le tour de taille de Loana en 2014. Vous aurez compris : je n’ai plus d’appétit. J’en appelle à Larry Clark : « Larry, we have a problem. »
 
Note : 1/20
Claire Carlut

 

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