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Stoker (2013) de Park Chan-Wook avec Nicole Kidman, Mia Wasikowska, Matthew Goode...

   Un petit brin d'honnêteté reste cependant à faire: je n'ai vu aucun des films de Park-Chan-Wook, ce petit chéri des cinéphiles (j'ai honte, oui) et franchement, le scénario est d'une banalité presque affolante... Après avoir perdu leur mari et père dans un accident de voiture, une mère et sa fille (India) voient débarquer l'oncle dont on n'a jamais entendu parler, bouleversant la monotonie de ces femmes tout en installant méfiance et attirance...

    Le réalisateur sud-coréen n'a malgré tout pas vendu une once de son âme et parce qu'il nous manipule par le biais de sa caméra, nous oblige à reconnaître que s'il n'est pas un chef d'œuvre, ce film n'est ni plus ni moins une franche leçon de cinéma en matière de mise en scène.
    Parce que oui, des mères névrosées regrettant la naissance de leur progéniture qui justement sont de belles filles à papa jusqu'à ce qu'elles découvrent les méandres de leurs désirs les plus inavouables et des oncles oubliés-louches-et-tordus, bon bah voilà on a déjà vu ça. Mais c'est ce scénario peu surprenant qui permet de démontrer la virtuosité du réalisateur qui, avec un bon sens de la manipulation, va déjouer les attentes et perceptions du spectateur, pour son plus grand plaisir.

      Citons par exemple la scène de la douche, où le spectateur se prend à partager les souffrances et pleurs de la jeune India, avant de nous démontrer que finalement l'on s'est peut-être trompé. Pour ne pas spoiler la scène, je n'en dirais pas plus, mais à coup sûr, vous vous laisserez prendre à vous dire "ah oui bah nan, pour le coup je ne m'attendais pas à ce plan".

    Mais la scène de la douche pourrait quelque part résumer à elle seule tout l'art du film: nous faire croire par des choix de plans des choses et les démonter une à une par la suite, parce que Park Chan-Wook a bien compris qu'un plan n'existe pas s'il est seul. Il joue ainsi de la juxtaposition de ceux-ci et des idées et impressions qu'il va donc laisser supposer (à tort ou a raison) à son spectateur. Une belle réalisation et un sens du montage frénétique, que demande le peuple? Du sexe? Pffff trop facile, alors pour corser un peu la chose, Park Chan-Wook va réaliser une des plus belles scènes érotiques qu'il m'ait été donné de voir au cinéma: un morceau de piano à quatre mains. Oui, c'est tout. Mais d'une puissance à vous rendre fou, la finesse du choix des plans et la fureur de leur enchaînement ne peuvent nous laisser indifférents. Grandiose.
     Bon sinon, c'est malgré tout un poil malsain, et c'est peut-être aussi ce qui fait le charme du film; un triangle amoureux entre la mère, la fille et l'oncle bizarre. C'est par moment glauque sans pour autant s'y vautrer, en semblant au contraire nous prouver que c'est en tuant la mère qu'on libère la fille. Freud n'aurait à coup sûr pas fait mieux!
    Allez sur ce, je vous laisse allez voir Stoker au cinéma, parce qu'une leçon de cinoche ça se paie niark niark et pis peut-être que si vous avez vu Thirst (ce qui n'est pas mon cas, oui je sais, mais je connais l'histoire, l'un n'empêche pas l'autre hein') vous vous direz que Park Chan-Wook aime bien les créatures de l'au-delà, un peu palottes mais séductrices, qui se repaissent de votre sang pour vivre, car les personnages de Stoker en ont, par bien des aspects, l'apparence.

NOTE : 15/20

Laureline Massias

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