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Sur La Route De Madison (1995) de Clint Eastwood avec Clint Eastwood, Meryl Streep, Annie Corley...

   Michael Johnson et sa soeur Caroline débarquent dans la ferme de leurs défunts parents et découvrent que leur mère, Francesca, a vécu une histoire d’amour passionnée dans le dos de leur père il y a fort longtemps. La grande pleurnicherie peut démarrer. En leur compagnie, nous remontons le temps. Attention, ce qui suit contient quelques spoilers de fort mauvais goût.
   Francesca est une femme au foyer discrète et, nous le devinons dès les premiers plans, plutôt malheureuse. Son mari, Richard a le nez dans sa gamelle. Pas un regard pour Francesca. Aucune conversation, aucun sex-appeal, aucun charme. Sûr que si l’on tend l’oreille, on l’entendra mastiquer la bouche ouverte. Avec son crâne dégarni et sa salopette pourrie, il fait peine à voir.
   Le père et ses gosses débarrassent le plancher pour quelques jours. Le ténébreux Robert Kincaid (interprété par Eastwood himself forcémnent…) débarque alors. Photographe au corps râblé, il fait de l’effet aux dames du comté. L’époux plan-plan d’un côté, l’aventurier au regard de braise de l’autre, côté clichés, le film n’y vas pas de main morte. Evidemment, ce bon vieux Kincaid, est divorcé et prêt à dégainer son gros engin. Alors, avant la grande coucherie, il offre des fleurs à la dame (mignon tout plein), raconte ses épopées, fait la vaisselle. Il prend soin d’elle pendant que le salaud de mari est parti. A ce moment là, comme tous les spectateurs de "Sur la route de Madison", vous n’avez qu’une envie: que Francesca et Robert se jettent dans les bras l’un de l’autre. C’est normal, ça s’appelle de la manipulation (con-con). Et si vous n’êtes pas encore convaincu (cucu), vous entendrez Francesca confier à son hôte que si elle est femme au foyer c’est parce que « Richard n’aime pas qu’elle travaille ». Mais quel pourri celui-là !!!!!!!!!!! Tout le contraire de Robert ! Lui sait l’écouter, la rassurer. Quel bel homme !
   Vous l’aurez compris. Sur la route de Madison ne fait pas dans la finesse et se situe à des années lumières de grandes histoires d’amour vues sur grand écran. Citons pêle-mêle "Casablanca", "César et Rosalie", "Annie Hall", "She’s so lovely" ou encore le récent "Walk The Line". Quel intérêt y’a-t-il à filmer un combat gagné d’avance ? Sur la route de Madison aurait été autrement plus ambigu et complexe si Eastwood avait dépeint le mari comme un homme amoureux et attachant. Manichéen autant que bébête (Robert Vs Richard, c’est un peu Marlon Brando Vs Sim), le film sombre en plus dans le puritanisme et l’hypocrisie. Quand Francesca prend un bain (on cherche encore l’intérêt de la scène … ), l’eau déborde de mousse cachant les seins de Meryl Streep. Quand Francesca et Robert font l’amour, hop plan de coupe. Eastwood filme la passion amoureuse de façon asexuée. Un comble. Et si vous n’aviez pas pris assez de clichés en pleine face, accrochez-vous, ça mitraille sec : Francesca et Robert sont couchés devant un feu de cheminée puis dans la baignoire. Lumière tamisée. Une bouteille de vin ouverte. Des bougies allumées. Du romantisme de supermarché. Et ça dure, et ça dure. Au deuxième jour de leur idylle, Francesca offre à Robert un bijou auquel elle dit « tenir énormément ». Alors qu’ils se connaissent, donc, depuis la veille. Cherchez l’erreur….
   Avance rapide : les enfants pardonnent à leur mère son grand secret, balancent ses cendres sur le pont de Madison. Son ultime requête avant de mourir. La musique redouble d’intensité. Sortez les violons, ça chiale sec dans les chaumières. Jusqu'au bout aucun cliché ne nous aura été épargné.
 
NOTE: 04/20
Johan Girard
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