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Survivre (2013) de Baltazar Kormàkur avec Olafur Darri Olafson, Johann G.Johannsonn...

  Le film relate et se développe autour d'un tragique et surprenant fait divers, survenu au large des îles sud-islandaises de Vestmann, en hiver 1984. Lors d'une pêche de nuit, un chalutier chavire dans une eau à 5°. Seul un des 6 membres de l'équipage parvient à braver le froid et la détresse, en nageant jusqu'à une côte dont il ignore dans quelle direction elle se trouve...
  Les faits sont disponibles car ils ont bien sûr été médiatisées, mais le réalisateur ne se contente pas de reconstituer les événements (même s'il insiste un peu trop sur leur véracité).
On a là un film sobre et très touchant, qui caresse doucement l'image d'un homme, exemple de tout autre, que la mort a frôlé et à qui elle a enlevé ses amis. Elle s'est exécutée doucement, en silence, par le biais de celle qui les a toujours entourés. Tel un liquide amniotique, la mer reprends ces êtres en son sein, pour qu'enfin ils reposent dans un calme infini.

Etant une personne assez "aquatique", j'ai beaucoup apprécié la manière dont sont filmées ces scènes.

  Contrairement à certains de ses collègues, Gulli (le survivant) n'a pas femme et enfants à qui penser pour se donner de la force mentale dans l'épreuve. Il est amoureux, un peu, mais ce n'est pas vraiment un rêveur...D'ailleurs quand il revient dans sa petite ville, il doit croiser le regard de la veuve d'un de ses amis... Presque hostile dans un premier temps, parce qu'il est difficile d'accepter que ce soit lui qui ait survécu, alors qu'éventuellement, il n'aurait pas manqué à tant de monde... Horrible pensée, mais qui a très probablement traversé l'esprit de cette femme. Et même que nous comprenons, ainsi que la culpabilité qui doit s'y mêler... Gulli, penaud, est gêné, et comprend sans doute lui aussi.

Mais pourquoi s'en voudrait-il d'être encore en vie ?

  

   Le drame, contrairement à ce que l'on pourrait penser , n'est pas à l'honneur. Et l'on ne nous assénera pas non plus avec cette leçon classique (et basique), qui nous dit combien la vie est plus intense quand elle a été à deux doigts de nous quitter, ou plus belle... Non. Et il n'y d'ailleurs aucune leçon à tirer de ce film, de quelque sorte que ce soit.

  Enfin, malgré ces (très) bons points, le film dans son ensemble est un peu "pauvre". Appauvri notamment par son générique, qui, réaffirmant certaines séquences du film avec des vidéos d'archive, est tout bêtement dommage. Je trouve que cela dévitalise le récit que l'on vient de nous conter.
  En mettant en avant, en dernier lieu qui plus est, cette proximité avec le réel, plutôt que d'avoir davantage travaillé l'au-delà des faits, ou bien de nous laisser méditer sur ce que l'on vient de voir, le réalisateur émet une forme de justification, inutile de mon point de vue.
  Je comprends que, Guðlaugur Friðþórsson (dit Gulli), l'actuel survivant, étant certainement encore en vie à l'heure du tournage (28 ans après le naufrage), l'approche ait pu être difficile. Et c'est pourquoi je comprends aussi que le film reste sobre et délicat. Mais le générique est de trop, tout simplement.
   Pour finir, la mise en scène choisie, quoiqu'un peu étonnante par moments, révèle cette vraie volonté créatrice du réalisateur... Et non la simple envie de faire un documentaire. Sans compter que l'éruption volcanique de 1973 y est évoquée aussi, et que, si l'on pourrait trouver cela superflus, je pense que c'est surtout un hommage à la force et à l’endurance des islandais en général, face à la rudesse de leur pays. Le film est d'ailleurs, je cite: "dédié aux pêcheurs islandais". La photographie est très bonne.
  Un film original que je garderai en mémoire. A recommander à tous ceux qui aiment le cinéma nordique, et l'océan. A ceux qui ont connu le deuil, aussi.

NOTE : 15/20

Myxo.

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