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Suzanne (2013) de Katell Quillévéré avec Sara Forestier, Adèle Haenel, François Damiens...

  Nicolas, conducteur routier veuf, tente d'élever tant bien que mal ses deux filles, Maria et Suzanne. Maria construit sa vie brique par brique pendant que Suzanne se met en danger ...


  Présenté à la semaine de la critique en mai 2013, Suzanne a séduit les cinéphiles autant que les journalistes présents dans la salle du Miramar. Une première projection mondiale est forcément un peu stressante : le grand inconnu est là, face à soi. L'angoisse se lisait donc sur le visage de la réalisatrice Katell Quillévéré avant la projection. 90 minutes plus tard, des applaudissements nourris sont venus saluer un film agréable et audacieux.
  François Damiens interprète Nicolas, un conducteur routier ayant perdu sa femme. Avec ses deux filles, Maria et Suzanne, hautes comme trois pommes, il se rend sur sa tombe. Le spectateur comprend très vite l'enjeu du film : Nicolas est livré à lui-même. Il tente d'inculquer des valeurs à ses filles, les éduquer du mieux possible mais son métier l'éloigne régulièrement. Dans ces conditions, Marie et Suzanne sont souvent seules à la maison ...
  Les années passent. Les gamines sont devenues des femmes, ou presque. Adèle Haenel et Sara Forestier, qu'on ne présente plus, jouent les soeurs inséparables. Ces deux là semblent liées comme les doigts de la main. Un type au regard charmeur débarque. C'est Julien (Paul Hamy). Suzanne en tombe raide dingue. Là, les ennuis commencent ...
   On ne va pas tomber dans les clichés ou les phrases toutes faites du genre "les histoires d'amour finissent mal en général". On n'est pas au Grand Journal, chez Télés7jours ou 20minutes, on vaut quand-même mieux que ça. Et pourtant, c'est bien de cela dont il s'agit. D'une histoire dont on sait, dès le départ, qu'elle ne mènera à rien de bon. Julien a des problèmes avec la justice, on le pressent, et ça ne fait que commencer. Suzanne est prête à le suivre à l'autre bout du monde, quitte à laisser de côté tout ce qu'elle a de plus chère.
   Très ambitieux, le film de Katell Quillévéré s'étend sur plus de 20 ans. On suit, par petites touches, l'évolution des personnages. Le divorce entre ce père, largué, et sa fille, incontrôlable, est saisissant. Touchant également. "Suzanne" nous mène de rebondissement en rebondissement (qu'on ne vous livrera pas, ça va de soi). Rebondissements amoureux, familiaux, judiciaires ...
  Dans ces conditions, impossible de s'ennuyer. La difficulté en pareil cas consiste à relier chaque ingrédient du film et force est de constater que Katell Quillévéré s'en sort avec les honneurs.
  Un long métrage très agréable donc, porté par des acteurs remarquables. Seul bémol : un montage qui a parfois des airs de "zapping". Logique, en compressant autant d'éléments scénaristiques en à peine 1h30, "Suzanne" va droit au but. C'est aussi sa principale qualité.

NOTE : 13/20

Johan Girard
                                                                                       

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