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Tel Père Tel Fils (2013) de Hirokazu Koreeda avec Masaharu Fukuyama, Machiko Ono, Lily Franky...

  Deux familles mènent une petite vie pépère, jusqu'au jour où une convocation dans un hôpital leur arrive. Une terrible nouvelle les y attend.

  A ma gauche, une famille joyeusement bordélique, trois gosses débordant d'énergie, une mère discrète et un père un peu zinzin. Pour ne pas dire "con-con". A ma droite, un couple froid et leur fils unique bien élevé. Jamais ces gens là n'auraient du se rencontrer. Mais, un jour, un courrier leur arrive. Une convocation à l'hôpital. Les voilà côte à côte, se demandant ce qu'ils fichent là. Ils sont préparés à tout, sauf à ça : six ans auparavant, deux enfants ont été échangés à la naissance. Leurs enfants.
   Ca ne vous rappelle pas quelque chose ? Une famille de ploucs et des snobs ! Des nourrissons échangés à la maternité ! Mais c'est bien-sûr : "La vie est un long fleuve tranquille" ! Version dramatique et japonaise ! Intrigant, n'est ce pas ?
   Disons le tout net : le film est raté dans les grandes largeurs. Et ce n'est pas le prix du jury récolté en compétition officielle qui nous fera changer d'avis. D'ailleurs, vu le nombre de nanars récompensés à Cannes depuis la nuit des temps ("Elephant", "Tree Of Life", "Des Hommes Et Des Dieux", "Oncle Boonmee" pour ne citer que quelques exemples récents) mieux vaut ne pas entrer dans ce débat. Le temps nous manquerait.
   Revenons donc au film qui nous intéresse : "Tel Père, Tel Fils". Un festival de clichés comme on en a rarement vus. Dans la famille Nonomiya, le père est plein aux as. Il passe sa vie au boulot et s'occupe peu de son fils. Et quand il est à ses côtés, il consacre plus de temps à lui apprendre les bonnes manières qu'à jouer avec lui. Les rares fois où il veut le distraire, il le fait s'asseoir devant un piano. La discipline, encore et toujours ! Chez ces salauds de riches, on ne sait pas aimer ! C'est, en caricaturant à peine, le message que nous livre Hirokazu Koreeda.
    A l'opposé, au sein de la famille Saiki, on ne roule pas sur l'or mais on vit dans la joie et la bonne humeur. Papa est un péquenaud mais un gentil péquenaud, vous voyez. Il offre tout son temps libre à ses trois mômes. Il les emmène jouer, prend le bain avec eux dans une minuscule baignoire. Chez les Saiki, pas d'appartement dans un quartier chic, pas de piano mais de la tendresse, bordel.
  Forcément, quand les gamins rejoignent leur véritable famille, c'est le cirque. Et l'ennui est au rendez-vous.
   De jolis plans dans la nature, au bord d'une rivière, ne font pas un film. Encore moins s'il passe à côté de son sujet comme c'est le cas ici. Hirokazu Koreeda livre une œuvre superficielle au scénario manichéen et prévisible. Il se place de manière inexplicable à distance de l'intrigue. Par ricochet, le spectateur se fiche éperdument de ce qui pourrait arriver aux personnages auxquels il ne s'attache jamais. L'empathie n'est pas au rendez-vous. Difficile dans ces conditions de ne pas piquer du nez.

 

NOTE : 6/20

Johan Girard

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