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The Lost City of Z (2017) de James Gray avec Charlie Hunnam, Sienna Miller, Robert Pattinson...

  Histoire d’être direct : la sortie d’un film de James Gray est logiquement très attendue. Surtout, que « The immigrant », son précédent film, était bon, certes, mais ne parvenait pas à laisser une marque indélébile comme l’avaient fait « La nuit nous appartient », « Two lovers » ou encore « Little Odessa ». La question est donc de savoir si « The lost city of Z » parvient à renouer avec la grandeur des films cités.
     Pour être honnête, il va être difficile de répondre clairement à cette interrogation. Gray, avec ce film, prend des paris osés. Déjà, il rompt avec New York, avec l’Amérique tout court, nous sommes ici dans un film presque de genre (entre le film historique et le film d’aventure). Le scénario suit Percy Fawcett, durant une vingtaine d’années (de 1903 à 1923). Fawcett est au départ présenté comme un officier militaire britannique voulant se créer une place dans la hiérarchie afin de laver son nom. Derrière ce côté carriériste, le début du film laisse également entrevoir des valeurs plus profondes et pas forcément en accord avec l’esprit bourgeois dans lequel Fawcett gravite. Gray parvient à rapidement insinuer que Fawcett est un personnage ambigu, fait de contradictions (une représentation de l’époque dans laquelle il vit, en somme).
  Une mission de cartographie quelques années plus tard en Amazonie, deviendra rapidement le sens de la vie de Fawcett, et permettra aussi de mettre en lumière la force du film. En effet, Fawcett y est persuadé de découvrir un site archéologique prouvant l’existence d’une civilisation antérieure, il y multipliera les expéditions et les désirs d’y trouver la dite cité. Derrière cette volonté propre aux explorateurs se cache en fait une obsession. Fawcett ne vit plus que pour ça et c’est là que le spectateur est interrogé. Pourquoi cette obsession ? Les théories peuvent être propres à chacun. Sûrement que son passage dans les tranchées de la Somme, les trahisons des grands pontes anglais, ont fini de le dégoûter du monde européen. L’Amazonie est devenue un refuge pour lui, aussi paradoxal que cela puisse paraître (qui voudrait se réfugier dans une terre aussi hostile ?). La cité Z est un idéal qu’il sait sûrement inaccessible. Qu’importe, ce sont les moyens qui comptent.
    Il y a deux scènes qui m’ont réellement touché, et ont sûrement influencé positivement mon jugement sur le film, deux scènes qui se répondent comme un écho. La première est cette séquence de dix minutes sur le front de la Somme, où Fawcett et ses hommes partent à l’attaque d’une colline allemande. Rarement la Première Guerre Mondiale n’avait paru si apocalyptique et réaliste au cinéma.  La deuxième se déroule en Amazonie, alors que Fawcett et son rejeton sont poursuivis par des indigènes, dans une colline, ils sont «sauvés» par l’attaque une autre tribu. Une scène aussi violente que la première, avec les mêmes codes, dans un environnement pourtant magnifique, violente par sa conclusion pessimiste sur l’homme : et si l’enfer c’était bien les autres ?
   Quelques problèmes de rythme (voire des longueurs), quelques ellipses qui demanderaient un second visionnage pour bien saisir les enjeux du film, ternissent mon avis sur le film. Je n’en parle pas beaucoup mais les acteurs sont globalement bons (et oui Pattinson n’a pas eu la confiance de Cronenberg et Gray pour rien). Alors, honnêtement, je ne sais pas si je dois le ranger à côté de « La nuit nous appartient » ou « The immigrant »...
 
Note : 14/20
Nifa
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