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The Neon Demon (2016) de Nicolas Winding Refn avec Elle Fanning, Jena Malone, Keanu Reeves...

    Ma relation avec Nicolas avait commencé sur les chapeaux de roue, notre rencontre s'est faite avec la trilogie « Pusher ». Oh que c'était jouissif, une réalisation mêlant habilement les scènes fortement rythmées, caméra à l'épaule avec un réalisme proche du documentaire et ce en esthétisant déjà la violence. Ce que j'ai pu aimer cette plongée froide et violente dans les bas-fonds de Copenhague ! Puis vinrent « Bronson » et « Valhala Rising », deux films radicalement différents mais qui transformaient, encore une fois, la violence en un art malsain et dérangeant, le tout sublimé par deux grands acteurs (Tom Hardy et Mads Mikkelsen). Là je commençais à vraiment m'emballer et à dire que nous avions à faire au meilleur réalisateur en activité. « Drive » était une forme de consécration qui touchait un plus grand public même si j'étais un tantinet moins emballé. Pour « Only god forgives » ? Et bien j'ai continué à le défendre en disant que c'était un essai volontairement kitsch et « too much », un moyen de rester dans le nihilisme qui lui allait si bien avant « Drive ». Mes excuses mais là je ne peux plus... « The Neon Demon » est un début de rupture…
    C'est bien simple, il n'y a pratiquement rien à sauver de ce film. Le scénario est bateau et simpliste : Jesse (Elle Fanning) débarque à Los Angeles pour percer dans le mannequinat, sa beauté lui attirera d'abord la gloire puis de gros déboires… Désolé pour le spoil, mais après l'ascension fulgurante de Jesse, le film tombe dans le comico-gore-horreur car les concurrentes de la jeune femme décident de la manger littéralement. Vous voyez donc la parabole grossière du film ? Le monde de la mode est impitoyable et il faudra « manger » les autres pour ne pas être vous-mêmes mangés. Merci, « Captain Nicolas Obvious ».
   Que le scénario soit simpliste, admettons, à la limite on pourrait presque dire que le changement de ton et de genre au cours du film est surprenant si seulement il n'était pas aussi grossier… Mais le pire, et c'est là que ça énerve, vient de la réalisation. Refn décide de réitérer ce qu'il avait entrepris dans « Only god forgives », c'est à dire une réalisation clipesque, kitsch qui lasse rapidement. C'est bien simple, chaque plan/scène semble être destiné à une entreprise de publicité ou au dernier clip de Marylin Manson.
    Refn a donc réussi, avec ce film, à retourner sa principale qualité contre lui : à trop vouloir esthétiser la violence, il s'auto-caricature et devient imbuvable. Un artiste se doit de garder sa marque de fabrique, cela semble logique, Refn aura sûrement toujours à cœur de disséquer la violence dans ses œuvres et c'est bien ce qu'on attend de lui. Néanmoins, l'originalité ne doit pas devenir une corde sur laquelle on tire jusqu’à l'usure puisque cela rompt à force. Il serait temps pour Refn de calmer le jeu niveau esthétique et se concentrer sur ce qui fait l'essence du cinéma : des scénarios et des personnages bien écrits. Là on en est très loin...
 
Note: 5/20
Nifa
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