​PETITS FILMS ENTRE AMIS

   Si vous décidez de payer une place de ciné pour voir "un beau dimanche", ne vous attendez pas à un scénario complexe, des rebondissements ou je ne sais quoi dans ce style. On parle ici d'une oeuvre simple basée sur des personnages intrigants, mystérieux. Au coeur du film, un instituteur qui erre de ville en ville et se prend d'affection pour un élève paumé, un gamin affrontant la dure réalité de la vie et la séparation de ses parents qui ont parfois tendance à oublier qu'il est né et une serveuse endettée qui ne se satisfait pas de sa modeste vie et a des rêves de grandeur.

   Nicole Garcia les filme tout en délicatesse mais, contrairement à l'un de ses longs métrages précédents, "Selon Charlie", qui entremêlait différentes intrigues, elle ne se perd pas en route. Elle relie chacune de ces histoires minutieusement. Le môme fait le lien entre chacun des personnages. Il est l'élève paumé. Il est le fils de cette serveuse qui doit 50 000 euros à deux types chelous. Tous ont un lourd passé. Surtout l'instit dont on découvre le secret progressivement.

    La grande force du film est qu'il ne surligne rien, n'explique rien, ne justifie rien. Pas de voix off pénible nous expliquant ce qu'on voit à l'écran. Pas de scène dans laquelle un personnage va se livrer en pleurnichant durant 10 minutes. Nicole Garcia est une cinéaste de talent qui évite les raccourcis et fracasse, en passant, la petite bourgeoisie provinciale. Chabrol aurait adoré.

  Un mot sur les acteurs : Louise Bourgoin est étonnamment bonne. Pierre Rochefort ( le fils de Jean Rochefort et de ... Nicole Garcia) est convaincant, avec ses faux airs de Bradley Cooper. Plus étonnant : sa mère le filme de manière quasi érotique. La relation mère/fils, c'est d'ailleurs tout l'enjeu de ce très beau film. Laissez-vous tenter.

 

Note : 13/20

Johan Girard